Economiste et prix Nobel de la Paix en 2006, Muhammad Yunus a fondé la banque Grameen qui a permis à des millions de pauvres d’avoir accès au microcrédit. Aujourd’hui, il tisse des partenariats avec des multinationales pour créer des entreprises « sociales » comme il dit, c’est-à-dire des sociétés qui répondent à un problème social et dont les bénéfices ne sont pas versés aux investisseurs mais réinvestis directement dans l’entreprise.
Terra eco : Pourquoi êtes-vous venu à Rio ?
Muhammad Yunus : Je suis là pour rencontrer toutes les bonnes volontés qui viennent à ce Forum, tant au Sommet officiel qu’au Sommet des peuples. Pour moi, ces rencontres sont capitales car elles me permettent de connaître des expériences innovantes qui fonctionnent dans le monde et que je ne pourrais pas connaître sinon. Je viens pour montrer ce que nous faisons au Yunus Centre et proposer notre concept de « social business ». L’idée est qu’une entreprise récupère son investissement mais ne verse aucun dividende aux actionnaires. Les profits sont réinvestis dans l’entreprise, pour les travailleurs et pour des œuvres positives et utiles à la société, que ce soit l’éducation, l’environnement ou la santé. C’est un concept qui pourrait changer le monde.Que pensez-vous du résultat de la conférence ?
Je suis toujours optimiste mais je crois que les solutions viendront des citoyens plus que des politiques. Aujourd’hui, nous devons tous ensemble construire le futur que nous voulons comme dit si bien le slogan de la conférence. Et quand je dis tous, je pense aux citoyens lambdas mais aussi aux entreprises qui ont les moyens de changer les choses. C’est sûr qu’il serait préférable que nos politiques s’entendent aussi pour réguler la planète car nous allons tous en payer les conséquences.Que craignez-vous pour votre pays, le Bangladesh ?
Nous sommes extrêmement menacés par le changement climatique, nous serons parmi les premiers pays à être touchés par la montée des eaux car notre pays est plat. Nous serons bientôt des réfugiés climatiques sans avoir pris part à ce désastre. L’Onu et les pays responsables du changement climatique doivent dès à présent définir un statut pour les futurs réfugiés car la tendance partout dans le monde est de fermer les frontières et de limiter la migration. Sur ce thème, nous voulons une solution aussi vite que possible et c’est pour cela également que nous sommes ici : faire pression pour que les futurs réfugiés ne soient pas oubliés.
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