On a longtemps cru que la salade était affaire de beaux jours, une verdure de la chaleur revenue. Peut-être parce qu’à l’école, on nous avait appris le poème « Conversation » de Jean Tardieu : « Comment ça va sur la terre ? / Ça va, ça va bien. / Les petits chiens sont-ils prospères ? / Mon dieu oui, merci bien. / Et les nuages ? / Ça flotte. / Et les volcans ? / Ça mijote. / Et les fleuves ? / Ça s’écoule. / Et le temps ? / Ça se déroule. / Et votre âme ? / Elle est malade / Le printemps était trop vert / Elle a mangé trop de salade. » Mais voilà, le problème c’est que le facétieux Jean Tardieu n’a pas eu le temps de constater l’ampleur des dégâts saladiers. Les siennes, de salades, ils les regardait pousser en 1951. Depuis, on a voulu des salades en hiver. On les a eues. Et on s’est pris quelques centièmes de degrés supplémentaires en plein frimas. Et les scaroles, batavias et frisées ne se font pas prier. Quand il fait chaud, elles poussent. Résultat, les producteurs sont au bord de la crise existentielle. Trop de salades sur les étals, pas assez de dents pour les croquer : le kilo de verdure ne vaut pas un clou et plus un sou dans le porte-monnaie. Alors, comment ça va, sur la terre ? Le climat n’est, hélas, plus prospère. —
Au printemps, en glisser quelques feuilles, mêmes abîmées, dans les petits pois frais.
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