53 morts après la tempête Xynthia, des vagues qui ont ravagé la Côte-d’Azur, au moins 25 morts suite aux inondations dans le Var... Faut-il accuser le changement climatique ?
Terra eco : Le nombre et le bilan des catastrophes naturelles est très lourd depuis le début de l’année 2010 et la tempête Xynthia. Faut-il s’attendre à vivre plus d’événements de ce type dans les années à venir à cause du changement climatique ?
Stéphane Hallegatte : « Tout dépend des phénomènes que l’on considère. Il faut se méfier des généralités. Rien ne montre par exemple que le nombre de tempêtes va augmenter. Par contre, c’est vrai que leurs conséquences risquent d’être plus graves à cause de la hausse du niveau de la mer. On a vu avec Xynthia que la conjonction de vents violents avec un fort coefficient de marée pouvait faire de terribles dégâts. »
Les autres catastrophes risquent-elles d’être plus fréquentes ?
« Oui, en particulier les canicules. L’épisode de 2003, tout à fait exceptionnel pour ce début du siècle, pourrait se reproduire un été sur deux à partir de 2080 si aucune politique sérieuse de lutte contre le changement climatique n’est mise en place. Mais ces canicules n’auront pas de conséquences aussi graves puisque les pouvoirs publics, les hôpitaux et les maisons de retraites y seront préparés. Pour les inondations dites « cévenoles », comme celles qui ont eu lieu dans le Var, il est plus difficile de se prononcer. Ce sont des événements très rapides. D’énormes quantités d’eau tombent dans un endroit restreint en quelques heures. C’est très difficile à prévoir. Il ne seront probablement pas plus nombreux mais plus intenses. Et leurs conséquences risquent d’être plus graves car l’urbanisation continue dans le Sud de la France imperméabilise les sols. »
La fréquence de certains types de catastrophe peut-elle diminuer ?
« Oui. Il faut se souvenir que les vagues de froid de 1984 et 1985 ont fait plus de 8 000 morts. Avec le réchauffement climatique, elles vont beaucoup baisser, voire disparaître. De même, les inondations de plaine comme celle de la Somme en 2001 vont être moins nombreuses car elles sont dues à l’excès d’eau dans les bassins et cette quantité d’eau va justement diminuer dans les années à venir. »
Comment se préparer face à ces changements ?
« Tout dépend de l’intensité des phénomènes. Il faut accepter le fait qu’il y aura toujours des événements exceptionnels comme celui du Var. La seule solution pour minimiser le bilan humain passe par la prévention et l’évacuation des populations. On a déjà beaucoup progressé dans ce domaine depuis la tempête de 1999 où la moitié des victimes étaient des personnes mal informées qui étaient montées sur leur toit malgré le vent. Pour les événements moins exceptionnels, la question est beaucoup plus difficile. Il ne suffit pas de dire qu’il faut cesser de construire dans les zones à risque car, selon certaines prévisions les plus pessimistes, la plupart des zones non construites sont à risques ! »
Quelles solutions proposez-vous ?
« L’Observatoire national sur les effets du changement climatique vient de rendre
un rapport dans lequel il préconise de sortir de la dichotomie entre zones protégées et zones constructibles et de s’accorder sur un niveau de risque acceptable. On pourrait ainsi attribuer à chaque zone géographique son degré de risque et adapter les mesures de prévention en fonction. C’est ce que font les Pays-Bas et cela me semble être une bonne idée. En tout cas, l’adaptation au changement climatique passera forcement par l’échelon local en adaptant les plans de prévention des risques et les futurs plans climat. »
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