C’est l’histoire d’un Britannique qui, un jour de 2003, entend parler du « peak oil », ce moment où les réserves mondiales de pétrole atteignent leur sommet et ne cessent ensuite de diminuer, jusqu’à extinction. La majorité de ceux qui découvrent cette vérité font d’abord semblant de n’avoir rien entendu, puis paniquent. Mais Rob Hopkins est professeur de permaculture, une philosophie qui applique les préceptes du durable à tous les pans de l’existence, de l’habitat à l’énergie en passant par les transports. Il se met à plancher : pourquoi ne pas inventer une vie qui permette de se passer de pétrole et de toutes les énergies polluantes ? La vie de demain, en somme. Il appelle ça la « descente énergétique » et commence à l’enseigner à ses étudiants de Kinsale, en Irlande. Il faut croire que Rob est un prof tip-top, car lesdits étudiants décident d’appliquer ses conseils à toute la commune, qui devient la première « ville en transition » en 2005. Le mouvement est né.
Totnes en Angleterre suit. Puis Peterborough au Canada, et encore une flopée de quartiers (« quelques dizaines » en France). Le principe ? Devenir le plus autosuffisant et écolo possible. « Rebâtir une agriculture et une production alimentaire locales, relocaliser la production énergétique, repenser les soins de santé, redécouvrir les matériaux de construction locaux dans le contexte de la construction à énergie zéro. » Mais surtout se parler, débattre, créer et faire la fête ensemble, localement. Redécouvrir, en vrac, les vertus des chèvres sur le bord des routes, du châtaignier pour construire des poteaux, de la monnaie locale, des histoires d’hier racontées par les anciens… Bref, une sorte de rêve hippie en marche.
Un brin « new age »
Et comme la mayonnaise a pris un peu partout, Rob Hopkins a décidé d’en faire un bouquin, intitulé Manuel de transition, tout juste traduit en français. On y trouve les linéaments de la philosophie « transitionneuse » et plein de conseils pratiques pour convertir son quartier, sa commune, depuis le communiqué de presse jusqu’à l’organisation d’une assemblée générale ! Certains lecteurs tiqueront sur quelques termes un brin new age, mais il faut reconnaître à Hopkins l’intelligence de construire du festif là où il est tellement commode de n’avoir plus que ses yeux pour pleurer. « A quoi ressemblerait la mobilisation écologique si elle s’efforçait de susciter ce sentiment de ravissement au lieu de la culpabilité, de la colère et de l’horreur ? » Bonne question, Rob. —
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions