Les Français sont fans de leur potager, fiers de leurs vieux légumes. Un nombre croissant d’entre eux sont même disposés à fourrer les mains dans la terre, fût-elle dans un bac accroché au balcon d’un appartement. Partageons cette nouvelle : après la parenthèse post-Trente Glorieuses, le lien qui nous unit à la terre serait en train de se retricoter. Que la crise, une prise de conscience citoyenne, ou les deux, en soit à l’origine, cette tendance en dit long sur nos aspirations. Elle démontre que nous ne sommes pas condamnés à nous comporter comme des sauvages, cyniques, désabusés, déconnectés de la terre qui nous porte et indifférents à son devenir. Tant mieux car, au-dessus du potager, continuent de s’amasser les nuages. Chaque jour, l’étau des certitudes scientifiques se resserre. Les nouvelles conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), consacrées à l’atténuation du changement climatique (1), invitent à un changement rapide et massif de notre modèle économique. Il nous faut laisser derrière nous les énergies fossiles, sources principales de nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour ne pas dépasser la limite théorique des 2 °C de réchauffement planétaire (2), l’humanité doit réduire ses émissions de GES de 40 % à 70 % d’ici à 2050… et de presque 100 % avant la fin du siècle. Ces résultats sont issus de l’analyse de 1 200 scénarios explorés par des dizaines d’équipes de chercheurs.
Rien de nouveau sous les nuages. Depuis que Terra eco existe, nous relayons sans relâche ces informations, décryptons les tendances, tentons d’esquisser des chemins possibles pour relever ce défi. Mais notre civilisation s’obstine à vouloir rester sur son chemin post-industriel. Au lieu de se stabiliser avant de décroître, les émissions de GES ont crû au rythme de 2,2 % l’an pendant les années 2000 (3).
Rabat-joie ou Bisounours ?
Comment sortir de l’impasse ? Faut-il en dire davantage, au risque de se faire taxer de rabat-joie de service ? Arborer un optimisme forcené, quitte à faire passer notre monde pour un repaire de Bisounours ? Le plus simple serait que les responsables politiques et économiques prennent acte des faits, mobilisent les chercheurs, les économistes, la société civile, pour dessiner des solutions capables – si c’est possible – de préserver nos équilibres économiques, sociaux et environnementaux. Nous aspirons tous à la joie de vivre et au plaisir de jardiner en paix. Ce n’est pas une raison pour s’enferrer dans le déni. —(1) Il s’agit du dernier des trois volets du rapport du Giec, qui feront l’objet d’une synthèse en octobre prochain.
(2) Au cours de l’ère industrielle.
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