innovation politique |
Par Rodrigue Coutouly |
7-01-2013
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La métropole Aix Marseille Provence (2/2) : les solutions |
1-Dépasser les oppositions au projet de métropole :
Imposer la métropole à toutes les communes serait risquer de voir toute dynamique détruite de l’intérieur par les freins qui mettraient les nombreux opposants.
Il est préférable de déterminer fermement les limites de la métropole (les Bouches du Rhône sauf l’ouest de la Camargue et des Alpilles) et de ne faire participer que les communes qui y sont favorables.
Cela mettra les élus locaux devant leurs responsabilités. En effet, seules les municipalités adhérentes pourront contribuer aux projets économiques et aux décisions.
Nous proposons aussi que la dotation financière de l’Etat à chaque commune baisse d’un 1% par an pour les communes qui refuseraient de participer. Cette diminution sera continue et progressive à raison d’un 1% par an. Ce faible pourcentage initial ne remettra pas en cause l’équilibre financier de ces communes mais les mettra devant leur responsabilité : l’argent économisé sera reversé à la métropole pour compenser l’énorme inéquité fiscale entre les communes.
2-Une politique audacieuse pour le logement :
La crise n’empêche pas l’explosion des prix de l’immobilier dans l’agglomération. Le déficit de logements est aigu : il se creuse de deux logements pour 1000 habitants par an. La situation sera, à terme, explosive et l’est déjà pour les populations les plus défavorisées.
Le respect des trames naturelles et agricoles à protéger ne permet plus l’urbanisation diffuse qui a dominé depuis trois décennies. Désormais les marges de manoeuvre foncières sont très limitées et se cantonnent à la réaffectation des friches industrielles et à la densification du pavillonnaire.
Nous proposons d’inventer une autre manière de densifier les espaces urbains existants, de retrouver du foncier pour créer des logements et de réinventer de la mixité sociale. De quoi s’agit-il ?
Le territoire de la métropole est constitué, en grande partie, d’immeubles et de cités construits dans les années 60 et 70. Ces bâtiments sont obsolètes dans leur conception et sont des passoires thermiques et acoustiques qu’il faudra isoler pour répondre aux exigences de la transition énergétique.
Nous proposons de surélever ces immeubles pour y créer de nouveaux logements. Si chacun de ces immeubles de 3 à 5 étages pouvait recevoir un étage supplémentaire, si chaque barre ou tour de cités pouvaient accueillir 2 ou 3 étages supplémentaires, on retrouverait des marges foncières qui feront baisser la pression des prix qui pèsent sur le logement des habitants de cette région.
Techniquement, cette opération sera possible si on surélève avec les techniques de l’habitat passif en utilisant des matériaux renouvelables et légers (bois, paille, chanvre). Politiquement, elle sera acceptable si l’argent dégagé par ces nouveaux "terrains" n’est pas accaparé par les promoteurs mais est utilisé pour la rénovation thermique de l’ensemble des immeubles. Les habitants de l’ensemble de ces immeubles verront leur facture de chauffage baisser fortement.
3-Une politique inventive pour les mobilités :
Les travailleurs de l’aire urbaine marseillaise vivent leurs déplacements comme un cauchemar au quotidien. La coordination des politiques menées est indispensable, de même que la continuation des projets de transports en cours, mais ne suffiront pas à répondre aux problèmes concrets des habitants qui souffrent du temps et de l’argent perdus dans les transports.
Leurs habitudes et leurs besoins de mobilités imposent l’automobile comme le mode de déplacement dominant, le seul assez souple pour répondre à des besoins fragmentés par une répartition des activités sur une aire urbaine qui s’est organisée autour d’espaces aux fonctions spécialisées : les territoires du travail, du commerce et de l’habitat ne sont rapidement accessibles que par la voiture individuelle.
Pour aider à sortir du "tout-auto", nous proposons une politique originale et innovante : le mobile au coeur de nos mobilités.
De quoi s’agit-il ? Les habitants volontaires -ils sont nombreux à utiliser quotidiennement leur voiture et à espérer trouver d’autres solutions- acceptent de se faire suivre par géolocalisation lors de leurs déplacements par un système installé sur leur téléphone portable.
En contrepartie, la métropole leur permet d’utiliser tous les moyens de transport collectifs du département (métro, Bus, train, parking de délestage) pour un euro par jour.
Au fur et à mesure des adhésions à ce système, l’autorité globale de transport va disposer d’une base de données qui va lui permettre de piloter avec précision l’offre de transport : ouverture de lignes de bus, microbus répondant en temps réel à la demande, covoiturage...
Les habitants adhérents vont voir l’offre de transport proposé évoluer et apparaître sur leur téléphone. Les technologies actuelles permettent en effet de gérer en continue l’énorme masse de données que constitue les déplacements des habitants et des vecteurs de transport.
Ce projet technologiquement innovant peut constituer aussi un symbole fort qui peut renforcer l’attractivité de la métropole.
4-Une politique imaginative en matière d’énergies :
La Provence est une des régions françaises les plus en retard pour les énergies renouvelables. Ce qui constitue un paradoxe en raison de son potentiel exceptionnel (régimes des vents et d’ensoleillement très favorables).
La région bénéfice pourtant d’une filière technologique et des compétences indispensables pour devenir un leader dans ces domaines.
Nous proposons de développer ces énergies grâce à différents projets spécifiques :
l’installation de champs d’éoliennes sur la plaine de la Crau et sur l’ouest de la chaîne de l’Estaque.
l’installation de champs d’éoliennes flottantes en mer, champs d’éolienne combinés avec des installations d’aquaculture et de conchyliculture (moules en pleine mer). Ces activités sont conciliables. Elles permettront d’une part d’utiliser les compétences en activité sous-marine de la métropole, d’autre part, de développer le secteur de la pêche, handicapé par la baisse des socks de poissons.
l’installation de panneaux solaires et de mini-éoliennes sur les toits des immeubles surélevés.
l’installation de centrales à cogénération dans ces immeubles, installations innovantes mixant gaz et soleil.
la création d’une centrale à méthanation, permettant de transformer en gaz naturel les surplus d’électricités produites par les éoliennes pendant les pics de vents.
La conduite de ces différents projets fera de la métropole Aix-Marseille-Provence un leader de la transition énergétique et développera ses compétences actuelles.
Mettre en place la métropole Aix-Marseille-Provence est une nécessité pour cette région. Mais elle a besoin de projets fédérateurs puissants lui permettant à la fois de dépasser ses difficultés et d’incarner l’avenir. Les projets présentés ici ne sont pas des utopies futiles mais des impulsions concrètes techniquement possibles et réalistes du point de vue politique.
Pour aller plus loin : lire l’article avec les liens permettant d’approfondir les propositions présentées dans le texte.
Principal de collège, agrégé d’histoire-géographie, j’ai été, dans une autre vie, technicien forestier à l’Office national des forêts et j’ai travaillé en Afrique sahélienne. |