Des kilomètres de couloirs souterrains où des hommes casqués, vêtus de combinaisons, marchent au ralenti. L’atmosphère est brumeuse, les lieux fantomatiques, la musique, symphonique. On se croirait dans « 2001 : l’Odyssée de l’espace ».
En Finlande, à 300 kilomètres au nord-ouest d’Helsinki, se trouve Onkalo, « la cachette » en VO. Un sanctuaire, dédale de couloirs souterrains où le gouvernement prévoit d’enterrer pour 100 000 ans – soit le temps de nocivité - les déchets radioactifs produits par son industrie. 100 000 ans ? Pas tout à fait une broutille. « Les pyramides datent de 4500 ans, la mort du Christ, 2010 ans, la découverte de la radiation, 115 ans », rappelle le dossier de presse. Onkalo fut érigé pour en finir avec ces piscines de stockage vulnérables aux tremblements de terre ou aux aléas de l’histoire. « A la surface le monde est instable », souligne un protagoniste, qui ignore pourtant encore tout de la catastrophe de Fukushima.
En 2100, les derniers fûts passeront les portes puis le site sera scellé. Conçu pour être autonome, il ne devrait exiger ni maintenance, ni surveillance. Et après ? Que fera-t-on ? Erigera-t-on un monolithe de pierre pour signaler aux générations futures de ne pas y creuser ? Mais quelle langue parlera-t-on dans 20, 50, 100 000 ans ? Faut-il au contraire effacer Onkalo des mémoires pour ne pas tenter les archélogues futurs, peut-être ignorants de la technologie nucléaire ? Mais comment diable organiser l’oubli ? Autant de questions pertinentes pour le potentiel centre de stockage de Bure (dans la Meuse) aujourd’hui à l’étude.
Plus que journalistique, le travail du réalisateur danois, Michael Madsen est un conte philosophique. Sous la forme - parfois théâtrale d’un message adressé aux générations futures – il renvoie à des questions fortes : sommes-nous en train de faire payer notre soif énergétique à des dizaines de générations après nous ? Comment nous jugeront-ils ? En clair, le nucléaire est-il durable ? « Avec le nucléaire, c’est clair, nous prenons des décisions dans l’incertitude », souligne l’un des experts du film.
Into Eternity de Michael Madsen, production : Lise Lense-Moller/Magic Hour films, 1h15. Sortie le 18 mai 2011.
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