On les croyait interdits depuis 1987. En signant le protocole de Montréal, la communauté internationale s’était en effet engagée à tirer un trait sur les substances nocives pour la couche d’ozone, à commencer par les terribles chlorofluorocarbones (CFC). Mais certains gaz méconnus destructeurs d’ozone continuent à être émis, révèle une étude publiée ce dimanche dans la revue Nature Geoscience. Terra eco décrypte cette découverte.
Pourquoi vient-on seulement de « découvrir » ces gaz ?
« Ces gaz n’étaient pas complètement inconnus. Mais ils se trouvent à un niveau de concentration très bas dans l’atmosphère, si bien qu’on ne les avait jamais détectés auparavant », explique Patricia Martinerie, chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et co-auteure de l’étude. Trois des gaz repérés sont des chlorofluorocarbures : les CFC 112, 112a et 113a. Le quatrième est un hydro-chlorofluorocarbure : le HCFC 133a. Ils s’ajoutent à la liste des sept CFCs et six HCFCs qui avaient déjà été identifiés comme espèces contribuant à la destruction de la couche d’ozone et donc interdits ou fortement réglementés.
D’où viennent-ils ?
C’est la grande question que pose cette découverte. Une seule certitude : ces gaz n’étaient pas présents dans l’atmosphère avant les années 1960, ce qui suggère qu’ils sont émis par les activités humaines. Impossible d’en dire plus pour le moment :
« Il n’y a pas d’émission recensée. On suspecte une éventuelle source dans la fabrication de certains pesticides », indique la chercheuse. Certains solvants utilisés pour le nettoyage de composants électroniques sont également visés.
En quoi sont-il dangereux ?
Ces nouveaux gaz sont aussi dangereux que leurs cousins mieux connus, mais ils sont présents à des niveaux bien moindres dans l’atmosphère. Toutefois, leur découverte inquiète bien les auteurs de l’étude. L’un de ces gaz, le CFC 113a, a en effet vu sa concentration fortement augmenter depuis 2000. Ce qui va bien sûr à l’encontre des ambitions affichées par la communauté internationale :
« Le problème, c’est que ces gaz restent plusieurs dizaines d’années dans l’atmosphère. La concentration des gaz interdits dans les années 1980 commence par exemple à peine à baisser. Donc toute nouvelle émission va se cumuler aux gaz existants et rester présente pendant plusieurs décennies », alerte Patricia Martinerie, qui suggère de mettre en place de nouvelles études pour mieux connaître les sources d’émissions de ces destructeurs d’ozone. Et, à terme, pouvoir les réglementer à leur tour.
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