Paris fait son miel sur les toits |
Six ruches ont été installées l’an dernier sur le plus grand toit végétalisé de Paris : 7 000 m2 de verdure au-dessus du centre commercial Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement. A 25 mètres du sol, elles surplombent la Seine toute proche.
Ce mardi, Hugues de la Grandière, apiculteur chez Apiterra, enfume les abeilles sentinelles afin que la ruche ne se mette pas en alerte. La combinaison est bien couvrante mais, on ne sait jamais, une des quelque 400 000 abeilles présentes sur ce toit pourrait s’infiltrer... Et ce même si la race choisie, des Frères Adam, est réputée pour sa douceur.
L’apiculteur époussette délicatement les cadres sur lesquels les abeilles continuent de produire le miel. Contrairement aux idées reçues, les abeilles se portent souvent mieux en ville qu’à la campagne : elles bénéficient d’une température plus clémente ; elles trouvent une grande variété de fleurs à butiner tout au long de l’année grâce aux parcs, jardins et balcons ; elles ne sont pas menacées par les pesticides, beaucoup moins employés que dans les champs. Quant à la pollution, les abeilles la filtrent en grande partie.
On peut effectuer deux récoltes de miel par an, en juin puis en septembre, avant que les abeilles n’entrent en hibernation, vers la mi-octobre, quand la température passe sous la barre des 10°C. En ville, la mortalité des abeilles est de 8% environ, quand elle est d’un tiers à la campagne.
Afin de remplir de miel les neuf cadres en bois rangés dans cette hausse, les abeilles vont consommer 10 kilos du miel qu’elles produisent. Et pour en fabriquer une telle quantité, les 70 000 abeilles des ruches réalisent jusqu’à 4 millions de voyages en une journée ! Apiterra, la société qui gère les ruches de Beaugrenelle, mise sur une première récolte de 140 à 200 kg de miel pour la première année. Rien que cette hausse pèse déjà une vingtaine de kilos.
Les cadres gorgés de cire et de miel sont désoperculés à l’aide d’un couteau. La récolte de Beaugrenelle est plus prometteuse que la moyenne française. Selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), les récoltes de miel pour 2014 s’annoncent catastrophiques, en baisse de 50% à 80% par rapport à l’an dernier, qui n’était déjà pas une bonne année. En cause : les pesticides mais aussi les mauvaises conditions météo, à quoi s’ajoutent les attaques de ruches par les frelons asiatiques, désormais présents partout en France, Paris compris. Problème : moins d’abeilles c’est moins de pollinisation indispensable à notre alimentation quotidienne. 40% de ce que nous mangeons dépend de la pollinisation.
La désoperculation permet de désolidariser le miel de la cire. Cet autre produit de la ruche est récupéré par l’industrie cosmétique.
Les cadres désoperculés sont placés dans une centrifugeuse afin que le miel en soit éjecté.
Le miel récupéré est filtré deux à trois fois afin d’en extraire les impuretés. Cette année, la récolte française de miel attendue est de 10 000 tonnes environ, soit le quart de ce que consomment les Français chaque année.
Le miel de Beaugrenelle est immédiatement mis en pot après filtrage. A partir du 22 septembre, il sera vendu 6,50 euros les 150 grammes au centre commercial Beaugrenelle. L’intégralité des sommes récoltées sera reversée à l’Institut Curie de lutte contre le cancer dans le cadre d’Octobre rose.
Six des 330 ruches de l’entreprise Apiterra dispersées dans la capitale sont posées sur l’immense toit végétalisé du centre commercial Beaugrenelle, encerclé de hautes tours et surplombant la Seine. Un an après l’installation des colonies au milieu des plantes mellifères, l’heure de la récolte du miel est arrivée. Elle s’annonce prometteuse, les abeilles étant en bien meilleure santé en ville qu’à la campagne.
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