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31-01-2013
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Australie

En Australie, art aborigène et arnaques sans gêne

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En Australie, art aborigène et arnaques sans gêne
(Crédit photo : waringarri aboriginal arts)
 
Les œuvres des peintres, sculpteurs et tisseurs indigènes ont mis des millénaires à sortir du désert, avant de s’imposer sur les marchés internationaux. Mais le boom semble oublier les artistes.
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De la drogue, de l’alcool ou de vieilles voitures plutôt qu’un salaire. Des peintres payés 4 euros pour un tableau vendu 150 à 225 euros. Ces abus sont signés de ceux que l’on appelle, en Australie, les « marchands de tapis », des revendeurs qui profitent de la précarité d’Aborigènes isolés. Bienvenue dans les coulisses de l’art indigène. Celui-ci a mis des millénaires à sortir du désert australien, mais, en seulement quarante ans, il a conquis les marchés internationaux. A tel point que le musée du quai Branly, à Paris, lui a récemment consacré une première grande exposition européenne.

Boomerang chinois

A Alice Springs, dans le centre du pays, « des artistes travaillent dans des arrière-cours de concessionnaires de voitures pour faire de la production en série, témoigne Solenne Ducos-Lamotte, directrice d’Idaia, une structure qui promeut l’art indigène australien. Les employeurs estiment qu’ils ne font rien de mal, car les Aborigènes acceptent de travailler, ils ont besoin de cash. Mais ils ne sont pas rémunérés justement ».

Et les grands noms ne sont pas à l’abri. « Certains artistes célèbres ne parlent pas bien anglais et ne comprennent pas les contrats qu’ils signent », renchérit John Oster, directeur du Code de l’art indigène. Ce manuel de bonne conduite a été mis en place sur ordre du gouvernement il y a deux ans. Mais il n’a pas force de loi et n’a été signé que par 30 % des professionnels du secteur. Kate Owen, galeriste à Sydney est signataire, « parce que les personnes qui abusent des Aborigènes en vendant de faux tableaux ou en sous-estimant la valeur de leur travail font mal à la fois aux artistes et à l’industrie ». Suzanne O’Connell, qui tient une galerie depuis douze ans à Brisbane, estime, elle, que « c’est beaucoup de bureaucratie pour pas grand-chose ». D’autant qu’elle a déjà signé un autre code, celui de l’Association australienne des galeries. Tous les professionnels pointent cependant le manque de sanctions sérieuses en cas de dérapage.

Quant au touriste qui pense soutenir les artistes locaux en achetant un boomerang ou un T-shirt à l’aéroport, il se leurre. « Ils sont bien souvent fabriqués en Chine ! », dénonce Robyn Ayres, du Centre australien des droits artistiques. Les produits dérivés échappent aux artistes, explique-t-elle, car « le secteur est encore grand ouvert à l’exploitation et l’appropriation des œuvres d’art ». Elle compte sur le projet de traité de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle pour protéger les « savoirs et les expressions culturelles traditionnelles ».

Pas facile, le choix éthique

Comment acheter un vrai tableau ou un vrai tissage, alors ? Mieux vaut s’adresser directement aux centres d’art, répondent en chœur les acteurs sérieux. Mais là encore, attention aux noms abusifs. Il faut demander s’il s’agit bien d’une coopérative tenue par les artistes. Chaque œuvre vendue par ces centres doit comporter un numéro unique, correspondant à un certificat d’authenticité. Les prétendues photos de l’artiste au travail ne prouvent rien.

Au Centre d’art de Waringarri, dans la région du Kimberley, dans le nord du pays, la transparence est le maître-mot. « Quand un nouvel artiste nous rejoint, on prend le temps de s’assurer qu’il comprend bien les règles, et on peut fournir un compte rendu détaillé des ventes à la fin du mois », explique la directrice, Cathy Cummins. Pour chaque œuvre vendue, c’est 60 % pour l’artiste, 40 % pour le centre. De quoi faire tourner la coopérative et assurer la transmission des savoirs aux jeunes. Le commerce équitable gagnera-t-il l’art aborigène ? —


Quarante ans pour sortir du désert Depuis des millénaires, les histoires ancestrales des indigènes australiens étaient représentées sur le sol ou sur le corps humain, lors de cérémonies. Mais, en 1971, l’instituteur Geoffrey Bardon fait découvrir la peinture aux enfants de Papunya, dans le centre du pays. Elle remplacera très vite les matières naturelles. Puis les artistes découvrent la toile : les peintures sont alors transportables, donc vendables. Musées et collectionneurs accourent, les prix flambent. En 2007, une œuvre de Clifford Possum Tjapaltjarri est vendue 1 800 000 euros. Inimaginable quelques années plus tôt. —

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