Va-t-on manquer d’électricité cet été ? L’Observatoire du nucléaire tire la sonnette d’alarme : selon cet organisme militant (son président, Stéphane Lhomme, est l’ex porte-parole du réseau « Sortir du Nucléaire »), 44 des 58 réacteurs français risquent d’être ralentis, voire arrêtés par EDF. En cause, la sécheresse qui sévit depuis le mois d’avril et pénalise déjà 26 départements français, contraints à des restrictions d’eau.
Ces centrales, situées en bordure de rivière, dépendent de l’eau douce pour refroidir leurs réacteurs. Or les nappes phréatiques sont au plus bas : en région Centre par exemple, où se situent notamment les centrales de Dampierre et de Saint-Laurent, les indicateurs sont au rouge.
Pénurie et accidents
Au-delà d’une baisse d’activité des centrales, qui risque d’entraîner une pénurie d’électricité, l’Observatoire pointe la menace d’accidents graves : qu’adviendra-t-il si les centrales ne parviennent plus à se refroidir, sachant qu’elles doivent continuer cette opération longuement après leur mise à l’arrêt ? Le problème peut se poser si certains fleuves viennent à se tarir. Or selon l’organisme, « c’est hélas possible, par exemple sur la Loire, fleuve fantasque dont le débit peut varier de 2000 m3/s en hiver à quelques m3 en été… »
Le rapport évoque également quelques leçons oubliées du passé : d’autres épisodes de sécheresse et de canicules auraient déjà mis à mal le parc nucléaire français pendant ces dix dernières années. En 2003, EDF avait dû, par exemple, arroser la centrale de Fessenheim - la plus ancienne de France - qui peinait à refroidir ses réacteurs. Dans de nombreuses centrales, cette entreprise de refroidissement s’est faite au prix du réchauffement des rivières au-delà des limites légales, rappelle l’Observatoire du nucléaire. Enfin, les rejets chimiques lâchés par les centrales dans les rivières (zinc, phosphore, sulfates, sodium, chlorures, morpholine, cuivre, etc.) sont plus concentrés et plus nocifs du fait de leur faible débit.
En rose, les centrales menacées par un manque d’eau dans les rivières. En bleu, les centrales susceptibles de violer les limites légales de rejet d’eau chaude. © Eric Gaba/Wikipedia
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