A la veille de la fin du 11e sommet international de la biodiversité (COP11) en Inde, aucun accord n’a été scellé. On joue à se faire peur. En apparence seulement : le but est de corser les discussions, afin d’obtenir le maximum pour les uns (les pays en voie de développement et émergents), et de consentir au minimum pour les autres (les pays développés et émergents).
Personne n’imaginait qu’Hyderabad puisse être le « Copenhague » de la biodiversité après le succès et l’étape franchie lors du dernier sommet de Nagoya en 2010. Nous sommes très loin de renouveler ce succès, qualifié d’accord « historique ». Car faute d’accord sur les financements, s’expriment – dans les couloirs – les craintes, au pire de la mort des desseins du plan de sauvetage de la biodiversité définis dans les objectifs d’Aichi, au mieux de deux années gaspillées…
Qui va payer ?
Il avait été annoncé que l’issue de cette négociation dépendait avant tout de l’avancement sur le volet qui avait été reporté il y a deux ans : les moyens financiers pour mettre en œuvre les mesures annoncées. On le savait, et le déroulé de ce sommet ne le dément pas. Les difficultés et le temps passé à définir une position commune, faute d’avoir été préalablement établie au sein de l’Union Européenne (UE), ne sont pas étrangers à la situation de blocage international. Après 8 jours de discussion, hier, l’UE était sur la voie d’une proposition à laquelle même la Grande-Bretagne consentirait, sur l’engagement à des « preliminary targets », une notion difficile à traduire qui pourrait donner en français : « les premiers objectifs-cibles ». Le problème, c’est que l’on ne sait pas s’ils seront chiffrés ou non ? Pas suffisamment clairs, ni très convaincants. Cette question-clé n’est donc pas réglée et naturellement il est difficile de noter la moindre avancée significative sur tout autre sujet.
L’Europe ralentit le processus
A une exception peut-être : les mers et océans. En 2010 à Nagoya, la communauté internationale s’était fixée l’objectif de création d’un réseau d’aires protégées marines à hauteur de 10% de l’ensemble des mers et océans. Actuellement, seul 1% est protégé.
Les dissensions privent l’UE de positionnement international, par exemple sur l’accord d’inscription au répertoire des aires marines d’importance écologique ou biologique (AIEB). Nous avons été à deux doigts de ressortir de ce sommet sans aucune proposition d’AIEB pour les mers de l’Union Européenne. La Grèce, soutenue par l’Espagne, a refusé toute AIEB en Méditerranée ; la Norvège et l’Islande (hors UE) ont bloqué toute inscription dans l’Atlantique Nord. Des blocages de nature à rendre caducs les accords qui pourront être actés en plénière ce vendredi 19 octobre sur des mesures relatives aux études d’impact en haute mer, à la lutte contre les déchets de surface, les bruits marins et l’acidification des océans...
Ce dénouement en demi-teinte, nous le devons, sans chauvinisme, à beaucoup d’énergie et de force de convictions de nos négociateurs français. A ce stade, le manque de vision globale et d’ambition politique des représentants de la communauté internationale nous oblige à nous accrocher à l’objectif modeste et insuffisant de ne permettre aucun recul sur les acquis de Nagoya et nous réjouir des modestes avancées.
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