Et si... ? |
Par Penelope |
5-10-2012
|
J’ai changé de vie en deux ans, voici mes conseils |
Quand je prends le temps de me poser quelques instants, en général quand quelqu’un m’interroge sur mon parcours et mon mode de vie, j’ouvre les yeux sur deux années de « petits changements » du quotidien... Mis bout à bout, mes amis en viennent à me voir comme une sorte d’écolo militante, alors que je commence à peine à être plus en accord avec ma conscience, et que je me commence - enfin - à me sentir vivante.
Les réactions que j’entends le plus souvent tournent autour de « oh j’aimerais faire comme toi mais je n’y arriverais pas », « quel beau chemin, bravo », « c’est impressionnant, quel courage », « c’est si dur aujourd’hui d’être cohérent sur tous les plans »... Ça me laisse généralement perplexe, puisque moi je vois surtout ce que je voudrais encore changer, mes doutes, mes blocages, mes difficultés... Il faut dire qu’issue d’une génération « tout jetable » et encouragée de toutes part à la surconsommation, j’avais à la base une énorme marge de progression.
Bref à force d’entendre dire que je devrais partager tout cela, je profite de l’opportunité donnée par Terra eco et vais tenter de résumer les éléments clés de ces changements.
Pour l’historique des prises de conscience, je pense que cela nécessiterait un article à part entière, voire même un livre, je vais donc essayer de centrer cet article sur les évolutions réalisées (ou en cours) et leurs résultats. Chaque évolution s’est toujours imposée comme une évidence au moment de franchir le pas. Et après coup la seule chose qu’il me reste ressemble toujours à « mais pourquoi je ne faisais pas comme ça avant ? »
Le plus simple :
Avoir toujours un sac réutilisable à portée de main. Dans mon sac, dans ma voiture, chez moi, j’en ai acheté quelques-uns au fur et à mesure des besoins et à présent je n’utilise plus jamais – sauf rare exception – de sac jetable, surtout en plastique.
Le plus économique :
Remplacer tous les produits ménagers qui me semblaient auparavant si efficaces et me décapaient désagréablement le système respiratoire et les mains par du savon noir et du vinaigre d’alcool. J’y ai gagné en efficacité, en confort d’utilisation, en espace, et bien sûr financièrement (moins de 10 euros le pot de savon noir mou en magasin bio, il me dure facilement un an ou plus et je nettoie tout avec, du sol aux surfaces diverses en passant par le lessivage des murs, j’ai même testé en lessive et c’était pas mal).
Le moins évident à trouver :
Une gourde. Pourquoi je classe cela en « pas évident » ? Parce que j’en ai d’abord eu une en plastique, certes sans BPA, mais je n’étais pas convaincue. Quant à celles en métal, impossible pour moi, j’ai besoin de voir ce que je bois, entre autres multiples raisons. J’ai fini par en trouver une en verre, avec son étui protecteur, j’en suis absolument ravie et tout le monde me demande où je l’ai trouvée... Clairement plus saine que le plastique, incroyablement facile d’entretien, elle ne me quitte plus. Prochain objectif, investir dans un bon système de filtration (sans système de cartouches qui à mon sens sont une aberration écologique).
Le plus global :
Changer mes habitudes de consommation (consomm’action pouvons-nous même dire !) en prenant en compte le cycle de vie de ce que j’utilise. Cela a commencé par le recyclage des bouteilles en plastique et du carton (pas toujours gagné dans certaines villes !), en passant par la diminution des achats suremballés, jusqu’à un projet de compostage (pas encore abouti mais incontournable dans mon esprit)... L’idée étant de toujours garder en tête que ce que je mets dans une poubelle ne disparaît pas dans la nature comme par magie. J’ai petit à petit combattu cette habitude bien ancrée de faire l’autruche (« je ne vois pas donc ça n’existe pas »), et ouvert peu à peu les yeux sur les conséquences dérivant de la façon de produire ce que j’achète (alimentation, vêtements, biens « technologiques », loisirs ou n’importe quoi d’autre) :
Impact écologique, pesticides/pollution, ressources énergétiques, conditions d’extraction des matériaux... Je vous raconterai peut-être un jour le casse-tête quand j’ai dû changer il y a peu mon téléphone portable.
Aspect éthique, comment accepter de faire faire par d’autres êtres humains ce que je trouverais inacceptable si cela concernait des personnes proches ??- Les conditions de travail, la rémunération, la liberté et le bien-être de la personne... Que chaque être vivant soit traité avec respect et équité, au coin de la rue comme au bout du monde, me semble vraiment un minimum dont nous sommes malheureusement loin.
Conséquences sur la santé, directes et indirectes, là aussi cela mériterait d’être développé un jour...
Le plus épanouissant :
Au fur et à mesure de mes changements de vie, de mes lectures, de mes rencontres et de mes expérimentations, j’ai aussi commencé à changer ma façon de voir l’alimentation.
Réfléchir sur « d’où vient ce que je mange », de la distance parcourue par les aliments à la façon dont ils sont produits, dans tous les sens du terme,
Regarder de plus en plus puis systématiquement les étiquettes, il y a de quoi devenir schizophrène quand on commence à regarder de près ce que l’on nous fait avaler !
Transiter vers le bio, jusqu’à arriver entre autres à la Ruche qui dit Oui (j’ai (re ?)découvert les saisons, le goût des aliments, le plaisir de croquer dans un fruit ou un légume bien mûr fraîchement cueilli !),
Réaliser que « je suis ce que je mange », puisque toutes les cellules qui me composent se créent en continue à partir de ce dont je me nourris.
Découvrir que je n’étais pas « obligée » de tuer (indirectement certes) d’autres êtres vivants pour moi-même vivre en bonne santé - bien au contraire... Je suis donc devenue végétarienne. Impact écologique gigantesque me suis-je rendue compte ensuite. Economique également... Et côté santé cela a aussi été intéressant. D’autres évolutions ont suivi, peut-être l’objet d’un prochain article ?
Le plus intime :
Je n’ai pas utilisé un tampon ni une serviette hygiénique depuis plusieurs années, grâce à la fameuse « MoonCup », complétée selon les circonstances par des serviettes lavables (les miennes sont de marque Plim, dont j’apprécie en outre la démarche). Le tout est vraiment plus confortable à l’usage, plus sain, évidemment plus écologique et économique... J’ai aussi arrêté d’acheter crèmes hydratantes et autres produits cosmétiques coûteux et au bénéfice à long terme un peu douteux au regard de la composition... D’une manière progressive mais généralisée, j’ai tout simplement arrêté de faire confiance aux industriels et aux publicités, et me suis ainsi réapproprié mon corps.
Le plus dans l’air du temps :
Se mettre à la consommation collaborative... J’ai testé le covoiturage (avec ma voiture ou avec celles d’autres personnes), le couchsurfing (chez d’autres personnes, n’ayant pas la place d’accueillir moi-même pour l’instant), et d’autres formes de partage et d’échanges... J’en garde à chaque fois d’excellents souvenirs, j’ai souvent gardé contact avec les autres « partageurs », côté financier bien sûr c’est intéressant, mais je ne m’attendais pas à ce que le côté humain soit si enrichissant. Comment remettre les pieds dans un hôtel impersonnel après de telles expériences ? Et dans les projets en cours, ouvrir ma terrasse et ses quelques cultures en pots en participant au mouvement des Incroyables Comestibles, tellement en accord avec mes valeurs et mes espoirs, et en développant une approche de permaculture...
Les petits plus si évidents :
Je n’ai plus de téléviseur depuis 2 ans, et je suis effarée quand j’ai à nouveau l’occasion d’y jeter un œil... Certes il existe des programmes de qualité, mais impossible d’échapper à la publicité qui est un vrai lavage de cerveau sans que l’on réalise à quel point quand cela fait partie du quotidien.
Fort logiquement, j’ai changé de banque... Après pas mal de recherches j’ai opté pour un compte NEF au Crédit Coopératif avec une carte « Agir ». A présent, outre le côté coopératif, je sais que lorsque j’ai de l’argent de côté il ne sert pas à financer des projets avec lesquels je ne suis pas en accord mais uniquement des projets environnementaux, sociaux, culturels, éthiques, solidaires...
Je pourrais résumer cet article par « je fais ma part » (enfin j’essaye !), à l’image du Colibris qui a inspiré le nom du mouvement autour de Pierre Rabhi. Décroissante ? Probablement. Utopiste ? Assurément. Quand je prends du recul pour regarder le monde dans lequel nous vivons cela m’effraye, je me demande souvent comment nous avons pu en arriver là... Heureusement les initiatives se multiplient et se développent, ce qui laisse espérer une évolution à terme vers un monde plus harmonieux. Les étapes pour y aller dépendent en partie de nous, et c’est là-dessus qu’il me semble important de se concentrer (le reste ne dépendant pas de nous, inutile alors de perdre notre précieuse énergie dessus).
Il y aurait encore beaucoup à dire et pas mal à détailler, mais voyons déjà si vous avez lu jusqu’ici avant d’en rajouter.
Je suis en chemin, je ne sais pas où cela me mènera, mais je sais que je ne reviendrais pour rien au monde en arrière. Et par dessus tout si cela peut aider d’autres personnes à évoluer et trouver leur propre chemin, alors j’aime l’idée de partager tout cela ici.
Merci pour tous vos commentaires, et merci à Terra Eco pour avoir intégré ce partage - écrit à l’origine sur un blog - dans leur magazine. Je ne m’attendais pas à de tels retours, qui me confirment - tout comme vous l’écrivez souvent - que nous sommes nombreux à évoluer plus ou moins dans le silence, et que la transition est bien en marche.
Mon article s’intitulait à l’origine "Evolution et transition". Je comprends aisément le changement de titre apporté par Terra Eco au moment de la publication sur leur site : c’est bien sûr plus parlant. Evidemment cela m’a obligée à prendre beaucoup de recul, et je les en remercie au passage. Je ne me serais jamais permise d’écrire "voici mes conseils", car je ne pense pas avoir de conseils à donner à qui que ce soit ! En revanche il faut reconnaître que ma vie a réellement changé. Tout étant lié, chaque évolution me permet de faire un peu moins l’autruche et me fais me sentir plus en accord avec moi-même. Et donc me pousse à changer la chose suivante avec laquelle je ne vivais pas en plein accord, à aller encore plus loin, à remettre encore plus de choses en question, des choses de plus en plus profondes aussi.
Quelques liens utiles :
Quelques ajouts peuvent également être apportés suite à tous vos partages :
LE guide de la transition (téléchargeable en PDF) : http://villesentransition.net/files... Issu du site des Villes en Transition : http://villesentransition.net
http://www.greenwatchers.org J’aime beaucoup l’idée des Green Parties et j’adhère à 100% au concept de la Domotek ( http://domotek.org : "Moins de stockage, plus de partage !")
Vidéo magique montrant une "forêt comestible" en Belgique, j’adore... : http://www.youtube.com/watch?v=P831... http://www.foretscomestibles.com
Un autre site pour des gourdes et récipients cohérents : http://www.sans-bpa.com
En plein apprentissage d’un "autre monde" possible depuis 2010... A chaque nouvelle découverte, info, rencontre, je teste, j’expérimente, je m’approprie de nouveaux savoirs et mode de vie, et réalise à quel point j’ai vécu "conditionnée" sans remettre "mes bases" en question pendant 30 ans. Ces bases étaient pourtant si faussées, et les conséquences si peu en accord avec mes croyances profondes... De prises de conscience en expériences, peu à peu j’ai lâché plein de peurs inutiles et me sens ainsi de plus en plus vivante et cohérente, consciente de chaque pas sur ce chemin. Et reconnaissante de toutes les rencontres et expériences qu’il m’apporte ! |
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions