Chaque semaine, Terra eco sollicite et questionne ses lecteurs et ses contributeurs sur l’un des grands enjeux de la campagne présidentielle. Après les débats sur Fessenheim, les référendums, le métier d’enseignant ou l’accès aux soins, donnez-nous votre avis sur la place de l’écologie dans la campagne.
Dans cette campagne, les mots « écologie » et « environnement » ont presque déserté les écrans et les ondes. Pourtant, un sondage Harris Interactive pour la Fondation Nicolas Hulot, publié cette semaine, révèle que la crise écologique préoccupe 84% des Français. En 2007, le sujet avait pourtant davantage éveillé les foules, entraînant candidats et militants dans une concertation et même la signature d’un pacte écologique. Cinq ans après, les ONG et associations paraissent, elles aussi, résignées.
Fuite de gaz sur une plateforme de Total en mer du Nord, incident à la centrale nucléaire de Penly, sécheresse chronique... Les signaux d’alerte n’en finissent pourtant pas de nous ramener à la réalité.
Tous les programmes des candidats ont intégré la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, de progresser vers une transition énergétique ou encore de réduire la pollution. Consultez aussi la vue interactive par thématiques sur lemonde.fr.
Que vous inspirent ces propositions ? Lesquelles feriez-vous au futur président de la République ? Répondez au bas de cet article.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
Partisan d’une politique protectionniste, Nicolas Dupont-Aignan souhaite soumettre les produits importés aux mêmes normes environnementales qu’en France. Peu de mesures concrètes pour les énergies renouvelables, simplement la consolidation des filières et le développement de la recherche. Un plan plus précis devrait être établi après la tenue d’Etats généraux de l’avenir énergétique.
Pour le candidat qui se situe entre l’UMP et le FN, pas question de sortir du nucléaire, même s’il envisage la fermeture des centrales les plus vieilles. Pour lutter contre la pollution, il prévoit de taxer les « comportements pollueurs ». Concernant l’alimentation, il s’oppose fermement à la culture des OGM et la consommation des produits qui en contiennent. Autre ambition : faire de la France « le champion européen de l’agriculture biologique et naturelle à horizon 2020 ».
Le candidat socialiste veut réussir là où son prédécesseur a échoué. Il envisage de mettre en place une taxe carbone à l’échelle européenne. En matière de politique énergétique, il souhaite l’isolation thermique d’un million de logements par an. Pas de sortie du nucléaire en vue mais une réduction de 75% à 50% de la production. La fermeture de Fessenheim, la plus vieille centrale, sera actée, mais la construction de l’EPR de Flamanville poursuivie. Dans le secteur des énergies renouvelables, l’Etat soutiendra la création et le développement de filières industrielles.
Eva Joly (Europe Ecologie - Les Verts)
Plutôt qu’une taxe carbone, Eva Joly milite pour la création d’une contribution climat-énergie dont 50% du produit sera affecté au financement d’investissement publics écologiques et 50 % redistribué sous forme de « chèques verts » aux Français défavorisés. La candidate souhaite aller plus loin que les 20% de réduction des émissions de CO2, jusqu’à 30%. Pour y arriver, refonte de la législation sur les déchets et suppression progressive des dépenses publiques considérées comme néfastes pour l’environnement.
La sortie du nucléaire est un des principaux objectifs d’EELV, qui fixe l’échéance à 2032.
Des objectifs sont établis à long terme pour les énergies renouvelables. Leur part dans la production d’électricité sera de 40% en 2020 et 100% en 2050. Eva Joly souhaite que l’agriculture biologique concerne 20% des surfaces cultivées. Enfin, elle veut diviser par deux l’utilisation des pesticides et créer un label « pêche publique durable ».
Jacques Cheminade (Solidarité et progrès)
Contrairement à la plupart des candidats, la fiscalité écologique n’est pas un levier du programme de Jacques Cheminade. Il souhaite en revanche développer de nouveaux moyens de transport, comme l’aérotrain et relancer le ferroutage. Il veut financer la recherche pour mettre au point une voiture à hydrogène.
Le candidat de Solidarité et progrès est un des plus fervents défenseurs du nucléaire mais propose un plan pour en améliorer la sûreté : recours moindre à la sous-traitance, réacteurs à haute température ou surgénérateurs refroidis au gaz et réacteurs à sels fondus.
La candidate du Front national l’avait déclaré dans une interview à Terra Eco, elle s’oppose à toute fiscalité écologique. Son principal credo en matière de défense de l’environnement reste le strict contrôle des frontières et de l’immigration. Elle souhaite ainsi « favoriser les perspectives de croissance et de développement harmonieux des zones de la planète menacées par un saccage des ressources naturelles et l’anarchie qu’engendre les flux migratoires liés à la pauvreté ». Cela passe également par une relocalisation de la production industrielle en France. Marine Le Pen souhaite aussi développer les énergies renouvelables mais l’objectif reste modéré : couvrir 10% à 15% des besoins du pays.
Ni favorable ni opposée au nucléaire, elle propose d’en sortir à long terme. En attendant, elle maintiendrait la construction de l’EPR de Flamanville.
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste ne propose pas non plus de fiscalité ou taxe verte. Il prône un recours massif aux énergies renouvelables, sans préciser dans quelle mesure.
En revanche, il est plus ambitieux que les Verts concernant le nucléaire. Il souhaite en sortir en dix ans.
Philippe Poutou veut interdire la culture des OGM. Enfin, il propose de centrer davantage l’enseignement du métier d’agriculteur et la recherche agronomique sur l’environnement.
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche)
Le candidat du FG souhaite créer une taxe kilométrique sur les transports de marchandises au niveau européen, allouée à un fonds chargé de financer des politiques de développement social et environnemental. Pour développer les transports en commun, Jean-Luc Mélenchon propose d’y consacrer un pôle national des services publics. Pour le transport des marchandises, les entreprises devront utiliser davantage les voies ferroviaire et maritime.
Pas de sortie programmée du nucléaire, le candidat souhaite d’abord la tenue d’un référendum sur le sujet.
Il propose un « effort budgétaire massif » pour développer les énergies renouvelables et notamment la géothermie. Plus ambitieux, il prévoit un véritable plan national de transition écologique de l’agriculture.
La taxe carbone : c’est un échec du Président sortant mais elle figure dans son nouveau programme présidentiel, à l’échelle européenne cette fois. Pas de surprise du côté du nucléaire : pas de fermeture de centrales, le maintien de cette industrie et le développement de réacteurs de nouvelle génération.
Nicolas Sarkozy souhaite prolonger l’effort sur les énergies renouvelables, l’objectif étant qu’elles couvrent 23% de notre production d’électricité. Aucune proposition en revanche pour l’agriculture et la pêche.
Le candidat centriste est favorable à un malus sur les véhicules polluants et une modulation de la taxe sur le foncier bâti en fonction de la performance énergétique.
Pour lutter contre l’étalement urbain, il souhaite limiter l’imperméabilisation des sols à 10% sur notre territoire. François Bayrou veut lancer un plan national d’isolation thermique des logements français et créer un fonds d’investissement dédié au développement durable.
Le candidat du Modem n’a pas d’opinion tranchée sur l’énergie nucléaire. La production serait maintenue à court terme mais un débat national déterminerait une feuille de route à l’horizon 2030. Il est aussi question d’intégrer des experts européens à l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) et de répondre obligatoirement aux questions des citoyens.
Enfin, François Bayrou veut aider la conversion des agriculteurs à une production durable et généraliser les bateaux de pêche économes en gasoil.
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
La candidate de Lutte ouvrière est favorable à une fiscalité bonus-malus sur les « comportements pollueurs ».
Nathalie Arthaud n’est pas contre les OGM mais elle propose que la recherche et l’utilisation soient soumises au contrôle de la population. Même avis sur le nucléaire : elle ne s’oppose pas à la technique mais elle prône une plus grande transparence vis-à-vis de la population sur les conditions de production.
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