« Des légumes, pas du bitume ». Lancé il y a cinq ans dans le bocage de Loire-Atlantique, le slogan s’est, depuis, propagé de Lyon à Orléans. Dans le Tarn ce week-end, la lutte contre l’artificialisation des terres, menacées par le projet de barrage de Sivens, a viré au drame avec la mort d’un manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse. Dès le lendemain, les occupants de Notre-Dame-des-Landes manifestaient « contre la violence d’Etat » (Retrouvez ici la liste des manifestations de soutien après la mort de Rémi Fraisse). Au même moment, la ferme des bouillons près de Rouen accueillait pour un soir agriculteurs et militants de Notre-Dame-des-Landes des Landes en route vers Amiens pour soutenir neuf opposants à la Ferme des 1 000 vaches, qui comparaissaient devant les tribunaux.
Depuis cinq ans, d’un bout à l’autre de l’Hexagone, un réseau de mobilisations citoyennes se tissent. Les ZAD, ces « Zones d’aménagement différé » dans le jargon des maîtres d’ouvrage devenues des « Zones à défendre » dans la bouche des militants en sont l’incarnation. Contre les projets d’autoroutes, d’aéroports, de centrales à bois… des groupes de citoyens, hostiles au bétonnage du territoire manifestent, cultivent ou campent pour défendre une autre idée de l’intérêt général.
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L’aéroport Notre-Dame-des-Landes
Le barrage de Sivens
La Ferme des 1 000 vaches
Le stade de l’Olympique lyonnais
La ferme des Bouillons
La centrale à bois de Gardanne
La ZAD Patates
Le village Décathlon d’Orléans
EuropaCity
La scierie du Morvan
Le centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure
La Route du Littoral de la Réunion
Le TGV Lyon-Turin
Le projet de Grand contournement Ouest de Strasbourg (GCO)
Les Center Parcs de Chambaran, de Poligny et de Rousset
Le golf de Fontiers-Cabardès
La liaison A28-A13 de Rouen
La carrière de Bédeilhac
La décharge de Nonant-le-Pin
L’A45 reliant Saint-Etienne à Lyon
Une mine d’or dans la Creuse
La déviation de Canapville (Calvados)
Le golf de Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard)
Le centre des congrès d’Annecy
L’hyper-incinérateur d’Echillais (Charente-Maritime)
La LGV Paca
La ligne très haute tension (THT) de la Pévèle (Nord)
1. L’aéroport Notre-Dame-des-Landes
A la fois berceau, source d’inspiration et base arrière des opposants aux grands projets, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes se distingue par sa longévité. La naissance du premier squat d’opposants au projet d’aéroport remonte à 2007. Puis, à partir de 2009, les occupations de terres se multiplient pour empêcher les bulldozers du groupe Vinci de transformer 1 600 hectares de terres agricoles en parkings et piste atterrissage. A l’automne 2012, après une vaine tentative d’expulsion, le mouvement prend de l’ampleur. Remise en culture des terres, naissance d’une radio : une microsociété émerge. Le projet reste aujourd’hui suspendu à la décision du tribunal administratif. Sur place, des dizaines de militants aux parcours et motivations hétérogènes se relaient toujours.
A lire : notre dossier sur Notre-Dame-des-Landes
2. Le barrage de Sivens
Depuis le lancement des opérations de défrichement, le 1er septembre dernier, le site est le théâtre de violences entre forces de l’ordre et opposants. Celles-ci ont atteint leur apogée ce week-end avec la mort de Rémi Fraisse, un opposant au projet de 21 ans. Les motifs de la contestation sont pluriels. D’une part, la construction de cette retenue de 1,5 million de m3 implique l’artificialisation de 45 hectares de terres dont 13 hectares en zones humides. D’autre part, les opposants contestent l’utilisation de 8,5 millions d’euros d’argent public pour un projet, jugé surdimensionné par les experts et principalement destiné à offrir des solutions d’irrigation des terres à une quarantaine de céréaliers.
3. La Ferme des 1 000 vaches
Ce mardi, un cortège de tracteurs, dont certains roulant depuis Notre-Dame-des-Landes a défilé jusqu’au tribunal d’Amiens. Un signe de soutien aux neuf militants qui comparaissaient pour avoir organisé, en mai dernier, une opération commando à l’intérieur de cette « ferme-usine ». Equipée du plus gros méthaniseur d’Europe, l’infrastructure de la Somme a vocation a produire 2,8 millions de litres de lait et 1,5 megawatt d’électricité. La lutte contre ce projet, contre-exemple d’agriculture à taille humaine, est menée conjointement par la Confédération paysanne et l’association Novissen (Nos villages se soucient de leur environnement) qui réunit aujourd’hui près de 2 500 adhérents. Après l’organisation de manifestations, de happenings et la réalisation d’une vidéo virale, les opposant actionnent aujourd’hui un nouveau levier : ils comptent sur les consommateurs pour dissuader le producteur de yaourts Senoble de se fournir auprès de cette installation. Un formulaire à renvoyer au président du groupe est proposé.
4. Le stade de l’Olympique lyonnais
Pour protester contre la construction du futur stade de l’Olympique lyonnais, les militants ont également opté pour une phase d’occupation. Mais le 8 janvier 2014, leur campement de Décines a été expulsé, après de deux ans d’existence. Aujourd’hui, seul Philippe Layat, le dernier agriculteur menacé d’expropriation, soutenu par la Confédération paysanne, incarne la résistance. Il vient de lancer une pétition très relayée.
5. La ferme des Bouillons
En décembre 2012, une poignée de militants, passés par Notre-Dame-de-Landes pour certains, se sont installés dans une ferme de l’agglomération de Rouen (Seine-Maritime) menacée de démolition par le groupe Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan. La défense de cette zone agricole passe par des travaux de jardinage et l’organisation d’événements culturels impliquant les habitants des communes alentour.
A écouter : Le reportage de France Culture à Rouen.
6. La centrale à bois de Gardanne
Le troisième groupe de distribution d’énergie allemand, E.on, veut reconvertir un réacteur de la centrale électrique de Gardanne (Bouches-du-Rhône), qui fonctionne actuellement au charbon et aux résidus de pétrole, en centrale à bois. Le projet engloutira plus d’un million de mètres cubes de bois chaque année. Il fait donc craindre aux habitants une surexploitation des forêts locales, mais aussi cévenoles et jurassiennes. Le 5 octobre, environ 300 personnes ont manifesté pour réclamer la suspension du projet.
7. La ZAD Patates
Dans la plaine de Montesson (Yvelines), une des dernières vastes étendues de maraichage en Ile-de-France, l’artificialisation des sols menace. Au pied d’un magasin Carrefour, un collectif local, la ZAD Patates plante des pomme de terres pour circonscrire symboliquement la zone d’activité commerciale (ZAC) de la Borde, que les élus locaux envisagent d’étendre de 8 hectares. Depuis le dépôt, le 14 septembre, d’un recours par le collectif d’associations pour la défense de l’environnement dans la Boucle de la Seine (CADEB), le projet est en suspens. Les planteurs de tubercules n’ont pas lâché leurs binettes pour autant. Un autre projet menaçant la continuité agricole de la plaine – un nouveau tronçon de route départementale, déviation de la RD121 – est toujours à l’étude.
8. Le village Décathlon d’Orléans
Dans la banlieue d’Orléans (Loiret), un collectif d’habitants s’oppose au « Village Oxylane », un complexe dédié au « sport et au bien-être ». Construite autour d’un futur magasin Décathlon, l’infrastructure aura une vocation principalement commerciale. Pour éviter que celle-ci ne voit le jour, grignotant 16,5 hectares de terres au passage, les opposants ont lancé une pétition et récolté près de 800 signatures. La mobilisation passe également par la culture de courges sur le site convoité. Les récoltes débouchent sur l’organisation de « courges parties », des soirées de mobilisation au cours desquelles les militants partagent une soupe de potiron.
Un autre projet de « village Oxylane » Décathlon est également à l’étude dans l’Hérault, à Saint-Clément-de-Rivière. Dans une pétition, les opposants dénoncent « une imperméabilisation des sols » irréversible et l’artificialisation de 24 hectares, ayant pour seule finalité une activité commerciale.
9. EuropaCity
2 milliards d’euros d’investissement pour 30 millions de visiteurs par an, 250 000 m2 de commerces et une piste de ski en intérieur… le tout au détriment de quelque 80 hectares de terres. Ce complexe commercial et de loisir prévu pour redynamiser le triangle de Gonesse (Val-d’Oise) suscite la colère d’un collectif d’habitants. Leur première manifestation, organisée le 22 septembre dernier a réuni plusieurs centaines de personnes.
A lire : notre article sur EuropaCity
10. La scierie du Morvan
Un temps baptisé Notre-Dame-des-Bois, le projet de méga-scierie a, lui aussi, été le théâtre d’une contestation d’ampleur. Jugé trop gourmand en bois par les défenseurs de l’environnement, le projet a été attaqué sans relâche tout au long de l’année 2013 : pétition récoltant 60 000 signatures, occupation de terrains et attaque en justice sur les failles juridiques du projet. En novembre de cette même année, après décision du Conseil d’Etat, le projet a finalement été abandonné.
11. Le centre d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure
En 2005, des militants antinucléaires français et allemands rachètent un corps de ferme à Bure. Ce village de la Meuse, qui compte à peine 90 habitants a été retenu pour accueillir, à 500 mètres sous terre, un gigantesque cimetière de déchets radioactifs. De réunions publiques houleuses en manifestations, au fil des années, l’opposition s’est structurée. En 2013, une pétition demandant son abandon a récolté plus de 60 000 signatures. Dans leur corps de ferme, reconverti en quartier général de la mobilisation, une partie des opposants, réunis au sein du collectif « Bure Zone libre », tentent de faire de leur maison une « vitrine en matière d’autonomie et d’énergies renouvelable ».
12. La Route du Littoral de la Réunion
Après Notre-Dame-des-Landes et « Notre-Dame-des-Bois », dans le Morvan, certains Réunionnais veulent voir naître un « Notre-Dame-du-Littoral ». Ils sont plusieurs milliers à s’opposer à la « Nouvelle route du littoral », une deux fois trois voies qui, en 2018, encerclera le nord de l’île sur 12,6 kilomètres. Le projet, lui aussi porté par le groupe Vinci, comprend un viaduc de 5 400 mètres de long construit sur la mer, qui pourrait entraîner une « évolution du trait de côte », selon l’autorité environnementale (son avis à lire ici en pdf). A grand renfort de pétition, les opposants dénoncent l’impact du projet sur la biodiversité et son coût jugé exorbitant : initialement fixé à 1,66 milliard d’euros, il devrait finalement dépasser les 2,5 milliards. Pour le député réunionnais Thierry Robert, cette dépense se ferait au détriment des transports en communs condamnant l’île au « tout voiture ».
13. Le TGV Lyon-Turin
Le berceau de l’opposition à ce chantier, l’un des plus gros en Europe, est italien. Mais le mouvement No-Tav (Non au TGV), né au début des années 1990 dans la vallée du Piémont, a fait des émules de ce côté-ci des Alpes, en Savoie comme à Paris. Opérations de tractage, débats, manifestations : la mobilisation s’est diffusée de Turin à Lyon. Les porteurs du projet sont sur la défensive. Après avoir poursuivi pour injures l’un des principaux opposants au projet, et malgré sa défaite devant le tribunal de Chambéry (Savoie), la compagnie Lyon-Turin Ferroviaire a indiqué qu’elle n’hésiterait pas à lancer de nouvelles attaques en justice en cas de dérapage des opposants.
14. Le projet de Grand contournement Ouest de Strasbourg (GCO)
Sur le tracé de cette autoroute, qui menace 300 hectares de terres fertiles, des cabanes en bois éclosent depuis juin dernier. Leur murs sont tapissés d’affiches sur lesquelles on peut lire « Bure, NDDL, même combat ». Comme le projet d’aéroport nantais ou encore le barrage de Sivens, le Grand contournement Ouest (GCO) de Strasbourg est un dossier vieux de plusieurs décennies, mais jamais concrétisé, faute de consensus. Sa sortie des cartons au milieu des années 2000 a provoqué immédiatement des manifestations d’agriculteurs. Puis, en 2009, l’association Vélorution organisait un défilé de plus de 200 biclous. Dans le même temps naissait le collectif GCO Non merci, réunissant plusieurs association et une dizaine d’élu locaux. Celui-ci dénonce l’artificialisation des terres, mais aussi le bruit, la pollution de l’air et les menaces sur les espèces protégées, comme le grand hamster d’Alsace. Pour poursuivre la construction de cabanes barrant la route aux tractopelles, un appel aux dons a été lancé, une occupation permanente est également envisagée.
15. Les Center Parcs de Chambaran, de Poligny et du Rousset
Du scotch sur la bouche pour dire leur incapacité à se faire entendre. Le 20 octobre dernier, 200 opposants à la construction d’un Center Parcs dans la forêt de Chambaran ont défilé en silence à Roybon (Isère) contre le démarrage des travaux, le jour-même. Trois jours plus tôt, le groupe Pierre et Vacances, promoteur du projet, signait l’acte d’achat de 200 hectares, pour la plupart des zones humides ou d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), ouvrant la voie à la construction d’un millier de bungalows. Aux yeux des élus, l’avis défavorable de l’enquête publique, qui pointe l’impact négatif du projet sur l’environnement, n’a pas fait le poids face à la promesse de créer 490 emplois.
Deux autres Center Parcs sont à l’étude. A Poligny (Jura), le projet a beau avoir élu domicile dans l’un des coins les plus froids de l’Hexagone, il prévoit une bulle tropicale chauffée à 29°C sur deux hectares. De quoi susciter quelques crispations. Conjointement aux opposants du Center Parcs du Rousset (Saône-et-Loire) et à ceux de Roybon, les Jurassiens ont lancé une pétition.
16. Le golf de Fontiers-Cabardès
Un parcours 18 trous avec hôtel et restaurant d’un côté contre la moitié des terres agricoles de la commune de l’Aude de l’autre. Ce deal, soutenu par les élus locaux provoque l’ire des agriculteurs de la région qui, de la FDSEA à la Confédération paysanne, rejettent le projet d’une seule voix. Ils sont soutenus dans leur lutte, et accompagnés dans leurs manifestations, par le collectif des Crocodiles du Cabardès qui, pour sa part, alerte sur le risque que pourrait faire peser ce golf sur les ressources en eau. Selon la députée européenne EELV Catherine Grèze, l’activité consommerait pas moins de 226 000 m3 par an.
17. La liaison A28-A13 de Rouen
Là encore, près de 240 hectares de terres sont menacés. Les opposants craignent également une augmentation du bruit et de la pollution et doutent de l’utilité de cette quatre voies de près de 100 mètres de large qui implique aussi la construction d’un viaduc et d’échangeurs. Réunis en collectif, ils ont lancé une pétition et organisent des opérations de tractage et des manifestations. Pour faire entendre un autre son de cloche, des associations de défense du projet ont aussi vu le jour.
18. La carrière de Bédeilhac (Ariège)
Grimpeurs, randonneurs et riverains s’inquiètent de la réouverture et de l’extension d’une carrière en plein parc naturel ariégeois. Déjà préoccupé par les conséquences environnementales du projet, Bernard Defaut, entomologiste à la tête du collectif « Non à la réouverture de la carrière de Bédeilhac » (NRBC) a calculé que l’extraction prévue de 350 000 tonnes de granulats par an allait entraîner « le passage quotidien de 112 camions de 25 tonnes, soit un camion toutes les quatre minutes », comme il l’explique au site Ariège News. Une pétition lancée par l’association Les gardiens du Calamès a récolté plus de 7 000 signatures. Après le lancement de l’enquête publique, lancée ce vendredi, une manifestation est prévue le 21 novembre à Foix.
Des recours juridiques ont également été déposés contre les lignes à haute tension passant à Bâtie-Neuve (Hautes-Alpes) et le tronçon de gazoduc Eridan, prévu dans le Vaucluse.
-19. La décharge de Nonant-le-Pin
Jusqu’en octobre 2013, la petite commune de Nonant-le-Pin (Orne) ne devait sa réputation qu’aux 160 haras des environs. Depuis, son nom est surtout associé à la plus grande décharge de résidus automobiles de France. L’entreprise GDE (Guy Dauphin Environnement), une société aux activités et aux financements controversés, prévoit d’y enfouir pendant dix-sept ans 150 000 tonnes de déchets non traités par an. Dès son lancement en 2006, ce projet a suscité la méfiance des riverains, des agriculteurs et des écologistes craignant des risques de pollution et d’explosion provoqués par les résidus d’hydrocarbures. Réunis au sein du Front de résistance de l’Orne (FRO), ils se sont relayés, pendant près d’un an, pour camper sur le site. En octobre 2013, ils ont finalement été délogés par la police. L’activité de la décharge a débuté dans la foulée, mais elle a tourné court. En deux jours d’exploitation, GDE a déposé pas moins de 1 856 tonnes de déchets illégaux. Les associations France Nature Environnement et Zéro Waste l’ont alors poursuivie en justice et ont obtenu gain de cause en mai 2014. La décharge a fermé. Mais, au grand dam des opposants, le 3 novembre dernier la situation s’est une nouvelle fois retournée, l’exploitant a été relaxé. Sur le site de la décharge, le ballet des camions pourrait recommencer.
-20. L’A45 reliant Saint-Etienne à Lyon
A la construction d’une nouvelle autoroute de 48 kilomètres entre Lyon et Saint-Etienne, les opposants répondent en organisant des randonnées pour montrer la beauté du paysage longeant le tracé du futur ouvrage comprenant quatre tunnels et onze viaducs. En 2013, le projet a été classé prioritaire par la commission Mobilité 21 (dite Duron), mais les associations, le parti Cap 21 de Corinne Lepage et la Fédération de Rhône- Alpes de protection de la nature, la FRAPNA (voir ses arguments ici en pdf), ne désarment pas. Ceux-ci plaident en faveur un développement d’une mobilité douce et pour la rénovation de l’A47 qui court déjà sur le même trajet, mais est actuellement surchargée. Mais leurs arguments portent peu. En mars dernier, avec le lancement d’un appel d’offres auquel ont répondu Vinci, Eiffage et Bouygues, une nouvelle étape a été franchie.
-21. Une mine d’or dans la Creuse
En octobre, dans le petit village creusois de Lussat, des chercheurs d’or ont commencé à prospecter. Depuis un an, les habitants des communes environnantes étaient sur leurs gardes. La cause de leur méfiance ? Un permis de recherche exclusif d’or et autres métaux précieux accordé en novembre 2013 par l’Etat à la société canadienne Cominor. Dans la région, qui a déjà connu l’essor de mines d’or au début du XXe siècle, beaucoup craignent l’impact de cette activité, qui risque notamment de libérer de l’arsenic, sur ce territoire riche d’une zone d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), et renfermant la seule nappe phréatique du département. Par ricochet, ils s’inquiètent des répercutions de cette pollution et d’une augmentation de trafic sur l’agriculture et le tourisme. De projections de documentaires en festivals et pétitions, le collectif de vigilance sur les projets miniers creusois tente de maintenir la pression sur les pouvoirs publics.
-22. Le golf de Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard)
Un golf 18 trous, un club hippique, un hôtel de luxe… Le maire sortant de la commune de Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard) rêvait d’accueillir un aménagement touristique de grande ampleur. Mais depuis son lancement il y a dix ans, ce projet goulu en terres – il devait à l’origine s’étendre sur 350 hectares – et en eau inquiète l’association Saint-Hilaire durable. Après avoir occupé le terrain avec des plantations de courge et fait partir une caravane de militants jusqu’à Notre-Dame-des-Landes, les opposants au golf peuvent désormais souffler. Lors des dernières élections, l’équipe municipale a changé. Les élus actuels, pour certains issus des rangs de l’association Saint-Hilaire durable y sont actuellement opposés. Mais la communauté d’agglomération d’Alès, porteuse du projet, y reste attachée et pourrait lancer une nouvelle enquête publique.
D’autres projets, ayant fait l’objet de fortes mobilisations, voire d’occupations, ont été suspendus ou abandonnés. C’est le cas de la liaison Est-Ouest Avignon dont les tranches 2 et 3 ont été repoussées à 2050 ou encore du projet Skidôme, une piste de ski ouverte à l’année et installée sur la colline d’Elancourt, dans les Yvelines, le point culminant d’Ile-de-France, situé à 230 mètres d’altitude. Ce projet de « colline réfrigérée », sobriquet donné par les opposants, est gelé en attendant des jours meilleurs sur le plan financier.
23. La déviation de Canapville (Calvados)
A proximité de Deauville (Calvados), une vingtaine d’associations sont sur leurs gardes. Du 6 au 7 décembre, un projet de voie rapide de 4 km de long, dans les cartons depuis 1974, fait l’objet d’une consultation publique. Le tracé, qui doit relier l’A132 à Deauville pour éviter les risques de bouchons, traverse les marais de la Touques, une zone « dont la richesse naturelle est deux à trois fois supérieure à celle de Sivens ou de Notre-Dame-des-Landes », estime Emmanuel Schmitt, président de l’association Pays-d’Auge, nature et conservation opposée à l’infrastructure. Sur les 200 espèces qui vivent sur ces espaces, certaines comme le héron butor étoilé ou le triton crêté, batracien bien connu des opposants à Notre-Dame-des-Landes, sont protégées. Pourtant, en dépit de l’avis défavorable du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), le processus suit son cours. « Pour le moment, rien n’est acté. On a donc mis en place un comité de vigilance et on incite les gens a montrer leur désapprobation au cours de cette consultation, poursuit Emmanuel Schmitt. Si le préfet prend des arrêtés, on passe à l’action », prévient-il.
24. Le centre des congrès d’Annecy
Quelque 9 000 m2 de béton les pieds dans l’eau. Cette perspective fait s’étrangler quelques amoureux du lac d’Annecy (Haute-Savoie). Prévu pour voir le jour sur la presqu’île d’Albigny, un projet de centre des congrès fâche les associations de protection de l’environnement, Les Amis de la Terre en tête. En décembre 2013 , le projet a recueilli plus de 15 500 signatures contre lui. Plusieurs manifestations et chaînes humaines autour de la presqu’île donnent toujours du fil à retordre aux élus locaux, majoritairement favorables au projet. L’ancien maire d’Annecy dénonce, pour sa part, une infraction à l’esprit de la loi littoral, censée préserver les berges de l’urbanisation.
25. L’hyper-incinérateur d’Echillais (Charente-Maritime)
A quoi bon construire un incinérateur géant quand on est engagé dans une démarche « Territoires Zéro gaspillage Zéro déchet, basée sur le recyclage et la réduction des volumes d’ordures ménagères à la source ? Telle est la contradiction que soulèvent, avec l’appui de l’association Zéro Waste France, près d’un millier d’habitants de Rochefort et de la commune voisine d’Echillais (Charente-Maritime) où un hyper-incinérateur doit voir le jour. L’infrastructure, conçue pour s’étaler sur 23 000 mètres carrés, aurait une capacité d’incinération de 75 000 tonnes, contre 30 000 pour l’incinérateur actuel. Elle couterait aux collectivités 82 millions d’euros. Ce montant constitue un argument de plus pour les opposants. La mobilisation contre le projet, engagée il y a un an, s’est amplifiée après la publication par 102 médecins d’un texte rappelant les risques de cancers liés à la proximité d’incinérateurs. Quelques jours avant la signature par la préfète du département, le 15 octobre dernier, de l’autorisation d’exploitation, qui marque le début des travaux pour le groupe Vinci, une manifestation a rassemblé 2 000 personnes dans les rues de Rochefort. Le 12 mai 2015, 200 gendarmes ont évacué cette ZAD, ainsi qu’une autre sur l’île d’Oléron contre un projet de filières conchylicoles.
26. La LGV Paca
Les anti-LGV Var ont eux aussi adopté la randonnée de protestation. De nombreuses associations craignent les impacts géologiques et hydrologique de la LGV Var, rebaptisée Ligne nouvelle Provence-Côte-d’Azur en janvier et devant relier Nice à Marseille. Depuis maintenant quatre ans, la mobilisation, partie des agriculteurs et viticulteurs, s’étend. En juin dernier, la procédure de consultation publique a recueilli 2 400 réponses, dont une majorité exprimant leur opposition au projet, selon le site Ouest Var. Au printemps dernier, les manifestations se sont multipliées. Dans le même temps, avec l’apparition de l’association TGV Var développement, un camp en faveur du projet se constitue.
27. La ligne très haute tension (THT) de la Pévèle (Nord)
Selon la même logique que celle des opposants à l’hyper-incinérateur de Rochefort, dans le Nord, des élus s’interrogent sur le bien-fondé de reconstruire et de doubler la ligne à très haute tension Avelin-Gavrelle, alors que l’heure est à la réduction de la consommation d’électricité. Au début du mois de novembre, les maires des communes concernées étaient reçus au ministère de l’Ecologie pour exprimer leur scepticisme. Mais l’enfouissement des lignes, réclamé par certains d’entre eux, impliquerait un surcoût de 60 millions d’euros auquel ne veut pas consentir RTE (Réseau de transport électricité). Au delà des débats politiques qu’engendre le projet, plusieurs manifestations ont été organisées à l’initiative d’associations citoyennes, inquiètes des conséquences de cette ligne sur l’environnement.
Vous mentionnez aussi le projet de Zone d’activité concertée (ZAC) des Portes du Tarn, dont le périmètre a été réduit après une forte contestation, le transfert de l’aéroport de La Rochelle à Saint-Aignan, dénoncé par les branches locales d’EELV, tout comme l’autoroute A831 qui suscite des divisions sur la scène politique nationale.
Et près de chez vous ? Des citoyens se mobilisent-ils face à de grands projets qu’ils jugent inutiles ? Aidez-nous à compléter cette carte en nous écrivant dans les commentaires ci-dessous.
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