C’est un pavé dans la mare qu’a jeté le think-tank indien Strategic Foresight Group, au cours de la semaine de l’eau de Singapour. Alors que le thème de la rencontre portait justement sur la disponibilité et le prix des ressources en eau, ce think-tank tire la sonnette d’alarme. « Il faut s’attendre à une catastrophe majeure », a déclaré son président, Sundeep Waslekar.
Fonte des glaciers
le texte du Strategic Foresight Group aligne mauvaise nouvelle sur mauvaise nouvelle et montre que les glaciers himalayen n’ont pas besoin de disparaître pour que les populations payent le prix du changement climatique. Les bassins versants de l’Himalaya en Chine, Inde, Bangladesh et Népal, qui abritent près de 20% de la population de la planète, connaîtront d’ici 20 ans une réduction drastique de leurs ressources en eau. Côté chinois, on passera de 2 150 m3 disponibles par personne et par an à 1 860 m3 en 2030. Conscient du problème, Pékin a envisagé début 2009 la construction de réservoirs gigantesques pour stocker l’eau des glaciers.
Si la date à laquelle les glaciers souffriront le plus du réchauffement climatique varie, selon les estimations des scientifiques, entre 2 350 et plus de 600 ans, l’impact se verra déjà en 2050 affirme le rapport. Le Fleuve Jaune en Chine et le Gange en Inde, seront les cours d’eau les plus touchés, avec une perte estimée de 15% à 30% de leur débit du fait de la fonte des glaciers himalayens. Et d’ici 20 ans, les quatre pays d’Asie auront perdu 275 millions de milliards de m3, soit plus que la quantité d’eau totale disponible au Népal aujourd’hui.
Prix de l’eau et réfugiés climatiques à la hausse
Dans le même temps, la pression sur l’eau, notamment pour l’agriculture qui consomme en Chine plus de 60% de la ressource, ira en augmentant. En cumulant les autres facteurs (érosion des sols, inondations, pollution...), le think-tank indien prévoit une baisse de 30% à 50% des rendements en blé et en riz, en Chine et en Inde. Cela entrainera logiquement une hausse des importations de ces denrées de l’ordre de 200 à 300 millions de tonnes, faisant grimper les prix mondiaux.
Pour finir, le rapport évalue entre 50 et 70 millions de personnes le nombre de réfugiés climatiques d’ici 2050 dans ces quatre pays, ce qui provoquera inévitablement des tensions diplomatiques. Face à ce constat noir, Strategic Foresight Group en appelle à un partage renforcé des données et à une politique conjointe de la gestion des ressources en eau, clé d’une diplomatie de l’eau. Il conclut d’ailleurs : « La coopération dans le domaine de l’eau doit être vue comme un moyen de préserver la coexistence pacifique. »
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