Les vainqueurs
- « Big Oil » Même après le pic pétrolier, les géants de l’or noir continueront à faire de belles affaires pendant longtemps, puisque « ce qui est rare est cher » (à moins que la lutte contre le changement climatique ne les oblige à changer de business…).
- Les producteurs d’agrocarburants 40% de la récolte de maïs américaine (avant tout OGM) a fini l’an dernier dans les raffineries d’agrocarburants. Et ce n’est sans doute qu’un début.
- Les marchands de canons Des rapports récents du département américain de la Défense et de l’armée allemande soulignent que la raréfaction du pétrole va accroître le risque de guerres.
- Les fabricants d’éoliennes, de panneaux solaires et de véhicules hybrides Bien entendu. Sauf que… ces technologies dépendent de l’accès à des métaux rares (gallium, indium ou encore germanium pour les panneaux photovoltaïques, « terres rares » pour les aimants permanents des éoliennes, lithium et cobalt pour les batteries des voitures électriques). Or, leur extraction est vorace en énergie et les réserves sont concentrées dans des pays lointains : Chine, Australie, Afrique du Sud et Chili, notamment.
- Les paysans bio en circuit court Ils ne suivent pas exactement la même stratégie que les producteurs d’agrocarburants, mais ça marchera aussi, autrement…
- Les artisans et les commerces de proximité Comme pour leurs cousins agriculteurs, leur succès est garanti. Fini les samedis après-midi au supermarché avec la grosse berline !
- Les maîtres voiliers Oubliez les avions et les cargos qui dévorent du carburant. Et puis ce serait beau de voir renaître la marine à voile, non ?
Les vaincus
- La grande distribution Carrefour, Walmart, etc. : les boîtes à chapeaux géantes où nous avons pris l’habitude de tout acheter vont souffrir, c’est sûr, puisque leur modèle économique repose sur le transport à bas coût de leurs marchandises… et de leurs clients.
- Le tourisme de moyenne et de longue distance Le pic pétrolier fera évidemment très mal au transport aérien. Déjà en 2008, lorsque le baril a frôlé les 150 dollars (115 euros), de nombreuses compagnies aériennes occidentales sont passées tout près du crash. Maintenant que le baril de Brent se maintient – malgré la crise – au-dessus des 100 dollars (77 euros), les plans sociaux et de compression des coûts se multiplient à nouveau, par exemple chez Air France.
- Les industries délocalisées Depuis un quart de siècle, on délocalise tout et n’importe quoi afin d’aller chercher à l’autre bout de la planète une main-d’œuvre moins chère. Ce phénomène – en partie responsable du chômage de masse en Europe – n’est possible que parce que les transports ne représentent toujours qu’une part infime du coût des produits. Si le prix du pétrole grimpe franchement, adieu sans doute le made in China, et même les fruits hors saison venus du sud de l’Espagne ou de l’Italie dans de jolis camions.
- Les habitants des villes Et plus particulièrement ceux des mégapoles des pays du Sud… sauf peut-être s’ils ont des poules, font pousser des légumes ou ont « un flingue dans les toilettes [ce qui] est une source de grand réconfort » (1), comme le note l’auteur James Howard Kunstler. Si la population mondiale a pu être multipliée par deux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et si cette population vit désormais en majorité dans les villes, c’est avant tout à cause de l’amélioration extraordinaire des rendements agricoles obtenus grâce au pétrole et à la mécanisation. Si le pétrole se raréfie, chacun devra nécessairement se rapprocher de la terre.
(1) Extrait de The Long Emergency (Grove Press, 2006).
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