La question n’aura pas été à la table des négociations des dirigeants européens ce mercredi 26 octobre. Elle ne l’a jamais été depuis le début de la crise. Pourtant, les pays européens se sont mis au diapason de la rigueur depuis le début de la tourmente. Et ces dernières semaines, les plans d’austérité ont fleuri dans toute l’Europe. L’occasion pour Terra eco de sortir la bonne vieille calculette et de dresser le classement de la rigueur, en se penchant sur le coût par habitant de chaque plan annoncé depuis le début de la crise et d’ici 2012.
Coût des plans d’austérité nationaux par habitant d’ici 2012 (en euro)
1. Grèce : 1 061 euros par habitant d’ici 2012. Et trois fois plus d’ici 2015.
2. Portugal : 973 euros par habitant d’ici 2012. Soit près de deux fois le salaire minimum dans le pays, qui espère économiser plus de 10 milliards d’euros en 2011.
3. Irlande : 671 euros par habitant d’ici 2012. Et cinq fois plus d’ici 2015.
4. Italie : 547 euros par habitant d’ici 2012. Et trois fois plus d’ici 2013.
5. Espagne : 362 euros par habitant d’ici 2012, quatre fois plus d’ici 2015.
6. Royaume-Uni : 308 euros par habitant d’ici 2012. Et même cinq fois plus d’ici 2015.
7. Pays-Bas : 302 euros par habitant d’ici 2012, quatre fois plus d’ici 2015.
8. Allemagne : 195 euros par habitant d’ici 2012, cinq fois plus d’ici 2015.
9. France : 170 euros par habitant d’ici 2012. Un second plan d’austérité pourrait être annoncé dans les jours qui viennent, selon les nouvelles prévisions de croissance.
(Source Eurostat, Insee, OCDE, projets de budgets 2012 initialement répertoriés par l’AFP. Si tous les pays européens ont procédé à des économies, seuls les plans d’austérité présentés comme tels ont été comparés.)
Ce sont bien sûr les Grecs qui remportent ce classement. Leur plan prévoit 45 milliards d’euros d’économies entre 2010 et 2015, après de premières coupes en 2008 : baisse de salaires, hausse de la TVA, réduction des prestations sociales. Dans ce pays, le premier a avoir pris le tournant de la rigueur depuis la crise, le tour de vis n’a pas permis de redresser la croissance, restée négative. De son côté, la dette a continué de grimper. Et ce, alors que les coupes budgétaires ont déjà de graves conséquences sanitaires et sociales.
Le Portugal, deuxième du classement, semble emprunter le même chemin. Seule l’Irlande pourrait tirer partie de la rigueur. Même si l’ancien Tigre celtique est loin d’être sortie d’affaire, il a renoué avec la croissance depuis le début de l’année et la situation s’est apaisée.
A l’inverse, son voisin du Royaume-Uni n’a pas du tout redressé ses finances malgré le plus sévère tour de vis du pays depuis la Seconde guerre mondiale. Engagée dès 2009, l’austérité a même alourdi le déficit du pays.
Les pays situés plus bas dans le classement ont pris plus tard le chemin de l’austérité, et plusieurs pourraient rapidement engager de nouveaux plans. Reste à savoir quelles conséquences auront les nouveaux plans d’économies simultanés entre partenaires européens. Dans une note récente, l’Observatoire français des conjonctures économiques s’alarme : « Les mesures d’austérité annoncées vont peser sur les demandes intérieures de chaque pays, mais aussi sur la demande adressée aux pays voisins, de telle sorte que l’effet des resserrements budgétaires va se démultiplier. » A en croire l’institution, ces plans vont mener à une récession dans la plupart des pays européens en 2012. Pour respecter coûte que coûte son engagement de réduire le déficit à 3% en 2013, la France n’aurait plus alors qu’une solution : lancer un nouveau plan d’austérité...
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