En 1979, on s’inquiétait déjà des risques de réchauffement climatique. La preuve avec cette vidéo – trouvée au hasard de pérégrinations sur le site de l’INA – dans laquelle le vulcanologue Haroun Tazieff est interrogé par des téléspectateurs dans l’émission Les dossiers de l’écran, diffusée en septembre 1979 sur Antenne 2.
Le téléspectateur - dont la question a été choisie par Antenne 2 ce qui reflète donc une inquiétude partagée à l’époque - craint que ce soit « l’activité des volcans » qui « fasse fondre la Grande banquise » et « grimper le niveau de la mer ». « Ce ne sont pas les volcans qui le feront (détruire la Grande banquise, ndlr), ce qui peut le faire c’est la pollution industrielle », répond Haroun Tazieff. « La pollution industrielle émet des quantités de produits chimiques dont une énorme quantité de gaz carboniques », détaille le vulcanologue, aidé par son voisin glaciologue Claude Lorius sur le chiffrage du problème.
« C’est un baratin ça. L’histoire du CO2, c’est entendu, c’est vrai on en fabrique beaucoup, mais il y a quand même des correcteurs automatiques », rétorque le Commandant Cousteau.
« Vous êtes en train de paniquer les populations »
S’en suit un débat animé sur le plateau. Tazieff craint un effet de serre et un réchauffement de deux ou trois degrés de la température générale qui entraînerait une montée des eaux et une noyade de toutes les côtes basses. « Vous êtes en train de paniquer les populations », craint le présentateur Jérôme Pasteur, qui anime le débat. Claude Lorius juge lui aussi le point le vue de Tazieff « catastrophique ». « L’industrie vient jeter le trouble sur les grands rythmes naturels », se défend Haroun Tazieff. Mais Cousteau clôt l’échange : « Le risque ne vient pas tellement du CO2, on commence à me casser les oreilles avec cette histoire de CO2, il y a des risques bien plus graves. »Cette archive dit beaucoup sur ce que l’on savait du réchauffement climatique il y a seulement trente ans : vraiment pas grand-chose. Même les scientifiques et les lanceurs d’alerte de l’époque – qui ne portaient pas encore ce nom – ne pouvaient estimer l’importance des modifications à venir sur le climat. On mesure l’immensité du chemin parcouru depuis, malheureusement beaucoup trop lentement. Dans un rapport paru il y a un an, l’Agence internationale de l’énergie estimait qu’il ne reste plus que cinq ans si l’on veut avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à « seulement » 2 degrés d’ici 2050. En 2017, il sera trop tard et notre dernière chance sera « perdue à jamais ».
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