Les fleuristes sont dans les starting blocks, les marchands de tirelire aussi : ce dimanche, c’est la fête des mères. Et un bouquet de fleurs, c’est quand même plus sympa qu’un collier de pâtes.
La fête des mères, c’est l’occasion pour les fleuristes de réaliser, en l’espace d’un week-end, près de 7% de leur chiffre d’affaire annuel. Et à moins d’aller cueillir un bouquet de fleurs sauvages ou du jardin, il est difficile pour le consommateur de savoir d’où viennent les fleurs qui composent les bouquets. « Le plus sûr, c’est de demander au fleuriste, à qui le grossiste a normalement dû indiquer la provenance des fleurs », explique Laurent Devaux, secrétaire de l’Uniphor, syndicat horticole et paysagiste.
La moitié des fleurs importées
Mais si vous espérez acheter des fleurs françaises, vous risquez d’être déçu. La moitié des fleurs fraîches coupées vendues en France sont importées. L’an dernier, on en a fait venir l’équivalent de 300 millions d’euros d’autres pays de l’Union européenne (le gros lot a été raflé par les Pays-Bas, chez qui on réalise 64% des importations, parce que ce pays est la plaque tournante du commerce mondial des fleurs), mais aussi du Kenya, d’Équateur, de Colombie et d’Israël.
FranceAgriMer constate, dans son rapport annuel 2012, que « les produits français couvrent à peine 50% de la demande nationale. Le poste des fleurs coupées représente à lui seul plus de 30% des importations » des produits horticoles.
Une concurrence jugée déloyale
Cette concurrence étrangère est qualifiée de « déloyale » par Gilles Rus, directeur de développement du marché aux fleurs de Hyères, dans le Var. « La fleur est aujourd’hui l’un des rares produits où ce qui est importé en Europe rentre sans avoir à acquitter de droit de douane », précise-t-il. De plus, s’il approuve les nombreuses contraintes pesant sur les horticulteurs français sur l’utilisation des produits phytosanitaires – « ce qui est bien mieux pour leur santé » –, il déplore que les autorités européennes ferment les yeux sur les conditions de culture à l’étranger, notamment celle des roses au Kenya. « L’eau des grands lacs s’épuise. Ça, doublé à l’utilisation des matières actives phytosanitaires qui ne connaît en aucun point les mêmes contraintes que celles de nos horticulteurs, c’est une catastrophe pour les populations locales, payées de l’ordre de 45 euros par mois. »
Uniphor, aux côtés notamment de la Fédération des fleuristes de France, fait pression sur les autorités pour qu’elles imposent un étiquetage d’origine à l’échelon français. « On réclame que soit mentionné le pays d’origine, mais aussi la date de coupe, précise Laurent Devaux. Car entre un produit qui vient de loin et un produit cultivé en France, vous avez 4 jours de décalage. Acheter français, c’est la garantie que les fleurs durent plus longtemps. » Même si c’est entre 5% et 8% plus cher à l’achat, précise Gilles Rus.
Une marque « made in Var »
Dans le Var, première région productrice de fleurs coupées en France, on a pris les devants en développant la marque Hortisud, garantissant que les fleurs proviennent du département. En plus de l’origine française, c’est aussi la longue tenue de ces fleurs qui poussent jusqu’ici les grossistes et les fleuristes à l’achat.
Dans un contexte où le local est en vogue dans les assiettes, il pourrait le devenir dans les vases. Depuis le début du printemps, Hortisud a développé avec un réseau de 200 fleuristes partenaires un affichage d’origine des fleurs en magasin. « Les premiers retours sont très bons : quand la provenance varoise est mentionnée en magasin, les consommateurs se tournent vers ces produits », se félicite Gilles Rus.
Si vous voulez multiplier les chances d’acheter à votre mère des fleurs made in France, misez en ce moment sur les renoncules, les lys ou les pivoines. Si vous succombez à l’éclat des roses à grande tige – les roses fraîches représentent à elles seules 37 % de la valeur des importations de la catégorie fleurs fraîches – sachez qu’elles sont très probablement importées. Et bourrées de pesticides.
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