Dès ce soir, l’éclairage sera coupé sur un tronçon de l’autoroute parisienne A 86. A terme, ce sont plus de 130 nouveaux kilomètres d’autoroutes et de voies rapides de la région francilienne qui seront ainsi plongés dans le noir. La mesure devrait permettre des économies d’énergie, réduire les émissions de CO2, et même diminuer le nombre d’accidents puisque les conducteurs devraient relâcher la pression sur l’accélérateur (voir encadré ci-dessous).
La direction des routes d’Ile-de-France (Dirif) s’appuie sur des études menées après la coupure de l’éclairage de l’autoroute A 16 (qui relie Boulogne-sur-Mer à la Belgique) et de l’autoroute francilienne A 15, privée de lumière depuis 2007 à la suite de vols de câbles. « Sur l’A 15, les chiffres bruts en nombre d’accidents et de victimes sont en baisse de plus de 30% et on ne relève aucun tué depuis octobre 2008 », indique la Dirif.
Alors, pour vivre plus longtemps, vivons dans la pénombre ? Non, répond Christophe Ramond, directeur des études de l’Association prévention routière. « Couper l’éclairage n’est possible que sur les voies sans sortie ni entrée, sans tunnel et au trafic moyen ou faible. Or, la quasi-totalité de ces voies sont déjà dans le noir » nous éclaire le directeur des études. Les 130 kilomètres d’Ile-de- France faisaient donc figure d’exception. « Les services de l’État considèrent qu’il est moins dangereux de ne pas éclairer les voies inter-urbaines et c’est le dogme qui est respecté », détaille Christophe Ramond. Les parcelles encore éclairées sont pour la plupart des tunnels, des échangeurs ou des bretelles. Autant de voies que l’on imagine mal plongées dans le noir. L’information est confirmée par la Dirif : « Les autoroutes françaises ne sont éclairées que dans les zones où l’absence d’éclairage pouvait être préjudiciable à la sécurité des usagers ».
Impossible donc de couper la lumière sur de nouveaux tronçons. Mais des efforts peuvent être faits sur la performance des équipements, en remplaçant notamment les lampes au mercure par des lampes au sodium. David Zambon, directeur d’exploitation, assure que ces remplacements sont « prévus à moyen terme dans le schéma directeur de la Dirif ». Selon une autre étude de l’Ademe, « l’efficacité lumineuse des lampes au sodium est deux fois plus élevée que celles au mercure ».
L’extinction des feux sur les autoroutes franciliennes : quels avantages ?
- Économies d’énergies : Couper la lumière de 130 kilomètres d’autoroute devrait réduire de 40% le budget éclairage. La Dirif espère donc économiser 1,2 million d’euros chaque année.Réduction des émissions de CO2 : David Zambon, directeur d’exploitation de la Dirif, explique avoir utilisé « un ratio entre le nombre de kilomètres consommés et les émissions moyennes de CO2 » qui lui laisse espérer 45% d’économie de dioxyde de carbone par an. Soit 5 850 tonnes de CO2 chaque année, ou l’équivalent des émissions totales annuelles (transport, logement, nourriture...) d’environ 830 Français.
Sécurité augmentée : « Paradoxalement, il y a moins d’accidents quand les routes ne sont pas éclairées parce que les gens roulent moins vite », assure la Dirif. Christophe Ramond, directeur des études de l’Association prévention routière rappelle toutefois qu’il existe « des études aux conclusions contradictoires sur le sujet » et qu’il y a « de très nombreux paramètres qui entrent en considération ». S’il suffisait d’éteindre l’éclairage public pour réduire les accidents, ça se saurait. Mais roulez moins vite, c’est toujours faire des économies de carburant.
Biodiversité préservée : autre avantage de cette coupure, la sauvegarde des espèces vivant à proximité des voies rapides. « Les papillons nocturnes et petits insectes attirés par les lampes sont sur-prédatés par les chauves-souris autour des lampadaires », avance le rapport final des Rencontres de l’éclairage public organisées par l’Ademe en 2005. L’espérance de vie des chouettes pourrait aussi bénéficier d’une telle mesure.
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