Paul Watson, le fondateur de l’ONG écologiste basée aux Etats-Unis Sea Shepherd Conservation Society, a été arrêté ce dimanche à l’aéroport de Francfort en Allemagne, alors qu’il se rendait en France pour présenter Entretien avec un pirate, son livre qui sort mercredi aux Editions Glénat.
La police allemande a agi à la suite d’un mandat lancé par le Costa Rica contre l’activiste, sauveur de baleines et de requins aux méthodes controversées. Il doit être présenté à un juge ce lundi dans la journée en vue de son extradition.
Le militant de 62 ans, né au Canada mais qui possède également la nationalité américaine, a prévenu de son arrestation dimanche en fin de journée, via ces quelques mots postés sur Twitter :
La capture d’écran réalisée lundi à 10h du matin
Selon la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, le mandat d’arrêt du Costa Rica pour « violation des règles du trafic maritime », porte sur des faits datant de 2002, lors d’une campagne filmée de Sea Shepherd contre la pêche aux requins pour en découper leurs ailerons, et qui a donné lieu au documentaire Sharkwater, (Le seigneur des mers, en français).
Voir la bande-originale de Sharkwater
Le Costa Rica et le Guatemala impliqués dans l’ « incident »
Voici la version des faits donnée par l’association sur son site, lundi matin (la traduction est de Terraeco) : « L’incident s’est produit en haute mer, dans les eaux guatémaltèques, quand Sea Shepherd est tombé sur une opération illégale de chasse aux requins pour leurs ailerons, menée par un bateau costaricain, le Varadero. Sur ordre des autorités du Guatemala, Sea Shepherd a sommé l’équipage du Varadero de cesser son activité de pêche illégale et de rentrer au port pour y être poursuivi par la justice. Mais alors que Sea Shepherd escortait le Varadero jusqu’au port, un navire de guerre guatémaltèque a été dépêché pour intercepter l’équipage de Sea Shepherd. L’équipage du Varadero a accusé les membres de Sea Shepherd d’avoir tenté de les tuer, mais des images vidéos prouvent que ces allégations sont fallacieuses. Pour éviter le navire armé guatémaltèque, l’équipe de Sea Shepherd a regagné les côtes du Costa Rica, où elle a mis à jour encore plus d’activités illégales liées aux ailerons de requins, qui séchaient sur les toits de milliers de bâtiments industriels. »
Pour Lamya Essemlali, l’arrestation de Paul Watson est « inattendue » : « On ne savait pas qu’il y avait un mandat d’arrêt contre lui. Et Paul est déjà passé sans problème en Allemagne l’an dernier. » La présidente de Sea Shepherd France estime que le capitaine a « dû bousculer les intérêts de certaines personnes ». « Mais pourquoi est-ce que ça ressort maintenant, de nulle part, dix ans après, alors que deux juges costaricains ont classé l’affaire concernant le stentatives de meurtre dont les braconniers ont accusé Paul. »
Dès l’annonce de l’arrestation de Paul Watson connue, une pétition a été mise en ligne pour exiger sa libération. Elle a recueilli en quelques heures plus de 2 100 signatures. Les eurodéputés Daniel Cohn-Bendit, présent dimanche à Francfort, et José Bové ont également manifesté leur soutien au Capitaine. Ils tentent, par le biais de leurs avocats, de mettre fin à son emprisonnement. « C’est quelqu’un dont je partage le combat sur la protection de l’environnement et des espèces menacées », explique l’altermondialiste qui se trouve « pas mal d’affinités sur le fait d’être radical et pragmatique dans l’action, directe tout en restant non violente, et pour une efficacité évidente ».
Des méthodes controversées
En effet, les méthodes musclées inspirées par le fondateur de Sea Shepherd à son équipe font régulièrement l’objet de polémiques. Le site web de l’ONG évoque « des stratégies novatrices d’action directe pour enquêter, documenter et intervenir si nécessaire afin d’exposer et de combattre les activités illégales de haute mer ». Et en appelle même à la Charte mondiale de la nature qui « donne autorité à tout individu, toute organisation, pour faire respecter les règles internationales concernant la conservation de la nature ».
Concrètement, cela se traduit par l’envoi de boules puantes et de bombes de peinture à bord, par le blocage des hélices à l’aide de cordes, par l’espionnage et la traque des navires baleiniers illégaux, par l’interposition musclée – et parfois dangereuse – des activistes entre les navires de pêche et les mammifères marins qu’ils veulent chasser, etc. On soupçonne même Paul Watson d’avoir coulé une dizaine de navires et d’en avoir éperonné autant.
Des méthodes controversées qui font parfois la preuve de leur efficacité. L’an dernier, après avoir fait une fois de plus la vie dure aux baleiniers nippons, Sea Shepherd est parvenu à contraindre le Japon à interrompre sa campagne de pêche, après avoir capturé seulement 172 baleines, soit un cinquième de son objectif.
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