En tonnes, en barils, en litres, en gallons de pétrole… Les chiffres ne manquent pas sur l’état de la marée noire depuis l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon. BP a d’abord évoqué une fuite de 1 000 barils par jour. Une semaine après l’explosion, elle devait reconnaître que le chiffre dépasse les 5 000 barils. Au 2 juin dernier, les estimations allaient de 12 000 à 19 000 barils quotidiens. Aujourd’hui, nouveau rebondissement, l’Institut de géophysique américain avance une estimation basse de 20 000 barils, et « une haute un peu supérieure à 40 000 ». Après avoir publié les dix dates clés de la marée noire, Terra eco fait le bilan de la plus grande catastrophe écologique de l’histoire des Etats-Unis.
La fuite :
Avant de sortir la calculette pour mesurer le coût d’un tel déversement, quelques précisions s’imposent. Le baril de pétrole, unité de référence internationale, contient 159 litres. Un flux de 20 000 à 40 000 barils revient donc à 3,18 millions à 6,36 millions de litres chaque jour ou encore à 2 800 à 5 600 tonnes. 52 jours après l’explosion, il y aurait donc au total entre 145 600 et 291 200 tonnes de brut en perdition dans les eaux du Golfe, auxquelles il faut ajouter les 32 000 tonnes qui se seraient déversées lors de l’explosion même de la plateforme de forage.
Pour comparaison, l’Exxon Valdez, plus grande marée noire de l’histoire des États-Unis, avait déversé 38 800 tonnes dans l’océan. Si l’estimation haute s’avère être la bonne, le bilan de la marée noire en Louisiane pourrait se résumer à un Exxon Valdez par semaine. Sachant qu’un baril peut remplir le réservoir de deux citadines de type Fiat 500, on aboutit à un total de 40 000 à 80 000 pleins perdus chaque jour.
Poussons le vice jusqu’à calculer le nombre de kilomètres que l’on aurait pu parcourir (sur autoroute) avec cette Fiat 500. Le résultat donne la nausée : entre 28 millions et 56 millions de kilomètres sont perdus chaque jour. Soit entre 70 et 140 fois le tour de la Terre en Fiat 500. Et peut-être même plus si BP continue de ramer ou si les estimations de la fuite continuent d’être revues à la hausse. Seul début de consolation, grâce à la pose d’un entonnoir, 15 000 barils sont récupérés chaque jour depuis le 6 juin.
Le coût :
Écologique : L’État de Louisiane liste 600 espèces menacées dont 445 espèces de poissons et 134 d’oiseaux. Difficile pour autant de chiffrer le coût infligé à la biodiversité.
Économique : La pêche et le tourisme, principales activités de la Louisiane, sont sévèrement touchées. Le tourisme emploie a lui seul plus de 87 000 personnes et rapporte à l’Etat 5,2 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros).. L’industrie de la pêche représente elle 3 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) de revenus par an et fournit un tiers de la consommation de fruits de mer des Etats-Unis.
La facture :
BP a annonce ce jeudi avoir déboursé 1,43 milliards de dollars (1,19 milliard d’euros) mais la somme sera probablement bien plus élevée. Le Crédit Suisse évoquait un total de 18 milliards (14,7 milliards d’euros) potentiels en additionnant 4 à 9,8 milliards de dollars (3,3 à 8 milliards d’euros) pour le nettoyage des zones souillées et 8,6 milliards (7 milliards d’euros) pour les frais de justice. Sans compter la perte de la plateforme, le pétrole perdu, les amendes et les dépenses pendant la fuite. Et il faut ajouter à cela la baisse du cours de bourse de BP. L’action vit un véritable naufrage et a quasiment fondu de 50% depuis le 19 avril.
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