Deux publications parues en février 2011 dans la revue Nature, ont le mérite de poser à nouveau la question de l’attribution des évènements météorologiques exceptionnels aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Ces deux publications ont ceci d’original qu’elles s’intéressent pour la première fois au sujet de l’attribution aux activités humaines d’évènements associés à des précipitations intenses.
La première concerne une étude de détection de l’empreinte anthropique dans les changements observés de l’intensité des pluies annuelles les plus fortes sur les continents de l’hémisphère nord (Min et collaborateurs). La conclusion des auteurs est que cette empreinte est effectivement détectable dans les tendances observées, et que ces observations ne peuvent pas être interprétées comme une manifestation de la seule variabilité interne du système climatique. Cette détection est possible lorsque les données sont moyennées sur de larges étendues continentales de l’hémisphère nord, mais ne s’avère pas possible, d’après les auteurs, à une échelle sous-continentale correspondant typiquement à l’Europe.
L’autre publication concerne l’évaluation de la part jouée par les activités humaines dans l’occurrence des inondations qui ont touché l’Angleterre et le Pays de Galles au cours des mois d’octobre et novembre 2000 (Pall et collaborateurs). Le principal résultat de cette étude est que les activités humaines auraient bien augmenté le risque d’occurrence de ces inondations, mais que l’évaluation précise de cette contribution reste incertaine. Ce risque d’occurrence serait augmenté dans 9 cas sur 10 d’au moins 20% et dans 2 cas sur 3, l’augmentation du risque dépasserait 90%. Comme dans le cas de la canicule de 2003, cette augmentation du risque ne changerait donc pas de manière sensible le caractère très exceptionnel de l’événement observé.
Ces nouveaux résultats, au-delà d’incertitudes méthodologiques inhérentes à ce type d’étude, viennent confirmer un impact attendu de l’augmentation des gaz à effet de serre sur l’intensité des pluies. Il est cependant important de noter que l’augmentation des pluies extrêmes a une forte signature régionale et n’est pas observée en tout point du globe.
Par ailleurs, la première étude confirme l’impossibilité actuelle de détecter l’empreinte des activités humaines dans l’augmentation de l’intensité des extrêmes de pluies à l’échelle d’une étendue géographique comme l’Europe et, a fortiori, à l’échelle de la France. La seconde n’aborde la question de l’attribution des inondations britanniques qu’en terme de changement de probabilité. Ces études ne contredisent donc pas l’attitude prudente qu’il convient d’adopter dès qu’il s’agit de confronter des événements météorologiques exceptionnels au réchauffement climatique d’origine anthropique. En l’absence de données sur de très longues périodes et du fait même du caractère récent du réchauffement climatique anthropique, l’attribution d’un événement météorologique exceptionnel aux activités humaines demeure impossible.
Pour autant un nouveau verrou vient de sauter après plusieurs années d’investigation, et ces nouveaux résultats viennent alimenter le faisceau de preuves accumulées dans la responsabilité des gaz à effet de serre sur différents aspects des évolutions climatiques récentes.
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