La Commission internationale baleinière, lourde de ses 89 pays membres, est un mastodonte qui se traîne pour remplir ses ambitieuses missions : superviser à la fois la protection et la chasse aux gros cétacés. Sa 63ème session, qui s’est tenue du 11 au 14 juillet dernier sur l’île de Jersey, en Grande-Bretagne, aurait pu en être une nouvelle fois la preuve. Mais l’organisme international a en partie sauvé le navire : un plan britannique y a été adopté par consensus ! Il a pour objectif de décourager le trafic d’influence en modifiant la façon dont les États membres paient leurs cotisations.
Finis les paiements en cash
Plus question de verser les quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros de cotisations - la somme varie selon les pays - en espèces ou en chèque ! Les paiements devront désormais être effectués par virement bancaire depuis des comptes gouvernementaux, comme c’est la norme dans les autres organisations internationales. Les anciennes pratiques, forcément, étaient suspectées de faire le lit de la corruption et les scandales n’en finissaient pas d’éclater. L’an passé, la presse britannique avait par exemple accusé le Japon, le principal acteur pro-chasse, d’ « offrir » des aides au développement à certaines nations.
En contrepartie, celles-ci auraient fait pencher la balance au sein de la Commission en votant selon le bon vouloir nippon. Parmi les pays qui auraient participé à ces arrangements secrets, le Mali et la Mongolie, pas franchement connus pour s’intéresser de près ou de loin aux baleines... Des petits États caribéens auraient aussi pu être embrigadés, contre des avantages financiers. Le Japon, lui, a toujours dénié ces accusations, arguant qu’il donnait des aides à plus d’une centaine de nations dans le monde, dont certaines versées à des pays opposés à la chasse à la baleine, à l’instar du Chili ou de l’Argentine.
Parade de muscles diplomatiques
Les pays opposés à la chasse à la baleine ne sont pas non plus tout blancs. Usant - et abusant - de leur pouvoir de persuasion diplomatique, ils auraient convaincu certains pays n’ayant jamais eu aucun intérêt commercial lié aux baleines, ni même à la pêche, à se rendre aux sessions annuelles pour infléchir les votes en faveur de l’interdiction de la chasse. L’Autriche, la Hongrie, la Suisse ou encore le Luxembourg sont ainsi abonnés aux votes anti-chasse.
Selon un autre point du plan britannique : toutes les minutes des pourparlers tenus au sein de la CIB seront désormais intégralement retranscrites et rendues publiques sous quelques semaines. Il fallait en effet parfois plusieurs mois, voire jusqu’à un an ou plus, pour que les propos débattus deviennent accessibles. Enfin, une coutume des acteurs de la CIB était de s’appuyer sur des études scientifiques partisanes pour renforcer leur position. Ces travaux, désormais, devront avoir été revus et validés par des pairs.
Quid de l’avenir des baleines ? Sans surprise, lors de la réunion annuelle, anti et pro-chasse se sont noyés sous des palabres aux objectifs opposés, sans parvenir à se mettre d’accord. La création d’un sanctuaire dans le « sud » de l’Atlantique, où les baleines pourraient se reproduire sans crainte d’être harponnées ? Tombée à l’eau, pour l’instant. Les chasses soit-disant scientifiques du Japon ? La prochaine saison reprendra bien dans les eaux de l’Antarctique. Avec la Norvège et l’Islande, qui continuent de pratiquer elles aussi la chasse commerciale ou scientifique à la baleine, ces trois pays tuent encore annuellement plus d’un millier de cétacés.
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