Attention, titre dangereux ! A sa lecture, l’esprit hâtif pourrait croire que Pierre Larrouturou, conseiller régional Vert, nous a concocté un manuel de prescriptions financières pour empêcher la prochaine dégringolade causée par quelques traders imbéciles. Il ne s’agit pas de ça. L’élu francilien, s’appuyant sur les prédictions de quelques économistes sérieux, agite une menace bien plus grave : le « krach ultime », celui des bons du Trésor américain, qui pourrait survenir en 2016. Autrement dit, les investisseurs ne retireraient plus leur confiance aux institutions bancaires comme il y a trois ans mais à l’Etat yankee lui-même. Et celui-ci de s’écrouler comme un château de cartes, provoquant une catastrophe inédite en Occident : « Des centaines de milliers de fonctionnaires à la rue, des millions de pauvres ou de retraités vivant avec des prestations très fortement réduites, (…) une récession bien plus grave et bien plus longue que celle que nous venons de subir. »
Fuite en avant
Excessif ? Sauf que, pointe Pierre Larrouturou, les investisseurs se détournent déjà de plus en plus des bons américains, qui sont achetés massivement… par l’Etat lui-même. Pour ce faire, il crée du dollar à tour de bras au prix d’un endettement démentiel. On appelle ça une fuite en avant. Côté Chine, l’auteur souligne aussi l’existence d’une bombe à retardement : une bulle immobilière potentiellement deux fois pire que l’américaine, couplée à un chômage massif. Et citant Dominique Strauss-Kahn (dans sa période FMI), l’auteur évoque sérieusement l’éventualité d’une « guerre », un vrai conflit avec soldats opposant les Etats-Unis à la Chine !Addiction à la dette
On pourra ricaner. Mais Pierre Larrouturou a un fait d’armes à son actif : il compte parmi les rares qui avaient prédit la crise de 2008 (dans Urgence sociale chroniqué dans Terra eco en 2006, vérifiez !). Et puis, qui peut se permettre de lever les yeux au ciel à une époque où le plus improbable semble devenu possible (en vrac : l’élection de Barack Obama, la crise financière, le « printemps arabe », Fukushima, la mort d’Oussama Ben Laden…) ? Il faut ajouter que sa crainte s’appuie sur une réalité tangible : l’addiction des Etats à la dette. Pas à la dette publique mais à l’endettement des ménages, dont la consommation reste soutenue alors que, depuis trente ans, les salaires stagnent, le chômage et la précarité explosent. Une baudruche est donc en train de gonfler, les consommateurs dépensant un argent qu’ils ne gagnent plus.Mais au fait, où est-il passé, l’argent ? Dans les poches des très riches (par la réduction des impôts) et sur les marchés financiers. Alors, il faut le reprendre ? Oui, oui, il faut. C’est la seconde partie du livre, à la lecture de laquelle tous les citoyens sont conviés. D’urgence. —
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