innovation politique |
Par Rodrigue Coutouly |
26-09-2012
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La tentation de M Cahuzac |
Le projet pourrait être celui-ci : on réclame un impôt "léger" sur chaque émission de carbone et l’Etat engrange le bénéfice pour combler ses déficits. Quelques centimes sur l’essence, le gaz, le plastique ... La facture monte vite et, une fois lancé, il suffit, de temps en temps, d’augmenter de quelques centimes pour récupérer quelques milliards. Rappelons qu’une augmentation de la TICPE (ex-TIPP) d’un centime rapporte 500 millions à l’Etat.
Pour éviter la censure du conseil constitutionnel, qui avait enterré le projet de contribution climat-énergie en 2010, on ne risquera pas la rupture d’égalité devant l’impôt, on taxera tout le monde : les entreprises comme les particuliers.
Ce projet aurait un autre avantage : la taxe carbone, réclamée par de nombreux écologistes, serait acceptée.
Cette tentation du ministre du budget, Jérôme Cahuzac, serait pourtant une véritable erreur politique pour plusieurs raisons.
D’abord, elle serait très impopulaire, car la ficelle étant grosse, tout le monde aura compris qu’il s’agit d’une nouvelle ponction au seul bénéfice de l’Etat.
Cette contribution n’aura aucun effet sur les émissions de carbone. Les Français seront taxés un peu plus mais cette taxe n’aura rien de dissuasive puisque rien ne sera proposé pour diminuer nos consommations d’essence et de gaz. Prisonnier d’un mode de vie que la société française a généralisé depuis des décennies, les citoyens n’auront aucun moyen de réduire leurs émissions sauf une sobriété subie qui sera vécue comme une restriction de liberté.
Enfin, ce nouvel impôt n’ayant aucun effet de relance économique, il va contribuer à l’atonie de l’économie du pays !
Si le gouvernement Ayrault veut mettre en place une contribution climat-énergie, il faut que l’argent récolté soit utilisé pour investir dans la transition écologique. De cette manière, on relancera l’économie et cette mesure sera beaucoup mieux comprise par les citoyens de notre pays. Elle le sera d’autant plus que cet argent leur reviendra pour qu’ils puissent investir et se lancer dans cette transition.
Principal de collège, agrégé d’histoire-géographie, j’ai été, dans une autre vie, technicien forestier à l’Office national des forêts et j’ai travaillé en Afrique sahélienne. |
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