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6-06-2012
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Emploi
France

Racisme ordinaire : la SNCF accusée de nonchalance

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Racisme ordinaire : la SNCF accusée de nonchalance
(Les membres du collectif « Droit à la différence » lors d'une première manifestation au siège de la SNCF, le 19 avril 2012. Crédit photo : DR)
 
Insultes et mauvaises blagues raciales. Des cheminots réunis en collectif manifesteront ce mercredi leur colère devant le siège de la SNCF tandis que 744 Marocains poursuivent toujours l'entreprise pour discrimination. La SNCF, elle, tarde à réagir.
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« On chie sur le Coran. » « Je caresse ta tête, c’est de la peau de singe. » « Ta femme est enceinte d’une portée de rats. » « Bougnoule. » « Boulet. » « Bounty. » Suffit ! Arrêtons là cet affreux florilège, petit condensé des insultes et injures à caractère raciste que subiraient des cheminots de la SNCF de la part de certains collègues. La raison ? Ils sont musulmans, noirs, d’origine maghrébine ou antillaise.

Pour dénoncer ce climat nauséabond, une trentaine d’agents issus des différents corps de métiers de l’entreprise publique (contrôleurs, membres de la police ferroviaire, agents d’accueil) se sont constitués en avril dernier en un collectif : « Droit à la différence ». Ils ont rendez-vous ce mercredi au pied du siège de la SNCF, près de la gare Montparnasse, à Paris, dans l’espoir que la direction, qui dit faire de la lutte contre les discriminations une priorité, prenne enfin des mesures fortes.

Intégrer la SNCF : du rêve au cauchemar

Pour tous, entrer à la SNCF constituait une chance. « C’est une grosse boîte, avec des possibilités d’évolution… Enfin normalement. » Mustapha Yacoubi, la trentaine, est un grand gars au sourire fatigué. Il a intégré la SNCF en 1998, en tant qu’agent d’accueil en gare de Creil (Oise), dans l’espoir d’y faire carrière. Depuis, il fait du surplace : « J’ai formé des gens qui ont moins d’ancienneté que moi et un niveau d’études inférieur au mien. Pourtant, eux sont montés en grade alors que ça fait quinze ans que j’occupe le même poste. » Il a alerté ses supérieurs de cette situation ainsi que des injures raciales proférées à son encontre par des membres de son équipe. « Je croyais qu’à un certain niveau hiérarchique, on allait réagir. Il n’y a jamais rien eu. » Et ce, malgré un rapport de l’inspection du travail reconnaissant que Mustapha est victime de blocages discriminatoires dans sa carrière. Sa plainte pour propos racistes a été classée sans suite.

Il est aujourd’hui en mi-temps thérapeutique pour dépression, et continue à travailler avec ceux qu’il a mis en cause. Pourtant, le médecin du travail, diagnostiquant une situation de « grande souffrance », a demandé qu’on le change de poste. C’était il y a plus d’un an…

Pour Radouane Kebdi aussi, le temps passe lentement. A 39 ans, il a déjà seize ans d’ancienneté. Il est agent au service de télécommunication et informatique, à Paris-Est. Pendant des années, il a été destinataire de mails collectifs à caractère raciste circulant sur les boîtes professionnelles.

Quelques exemples, parmi tant d’autres :

« Ceux qui envoient ça disent bien sûr que c’est des blagues », explique-t-il. Quand Radouane alerte son chef, en 2010, celui-ci lui dit : « Ne vous bloquez pas là-dessus. C’est un phénomène de société. » Et Radouane est retiré de la liste des destinataires. Affaire classée ? Non, car la propagande anti-immigrés et islamophobe continue à se répandre, et lui à se battre. En février 2011, il envoie un courrier à Guillaume Pépy, le patron de la SNCF. Pas de réponse.

Peu de temps après, son responsable d’établissement se fend d’un mail rappelant que « tout courriel dont le contenu est contraire à l’ordre public est interdit ». C’est tout. Pire, c’est Radouane qui, informant son directeur que les mails n’ont toujours pas cessé, est menacé de sanctions. Car « l’affaire est close côté SNCF », lui indique son directeur par courrier. « Il y a un fond de racisme ordinaire à la SNCF, déplore-t-il. On ne dit pas que l’arbre est pourri, mais il faudrait couper quelques fruits. Et ça, la direction refuse de le faire. »

Jean-Marie Le Pen avec des moustaches à la Hitler dans le casier

Et ce, même quand elle est condamnée en justice. C’est l’exemple d’Alain Ngamukol, 35 ans. Sur les 40 agents de la police ferroviaire basée à Sevran (Seine-Saint-Denis), « je suis le seul Africain », précise-t-il. Est-ce pour cette raison qu’il retrouve une photo de Jean-Marie Le Pen avec une moustache à la Hitler, dans son casier ? Ou qu’un de ses collègues pointe son pistolet – les policiers ferroviaires sont tous armés – vers lui dans les vestiaires ? Là aussi pour rire, certainement… Ou encore que ses collègues ouvrent la fenêtre quand il entre dans une pièce ?

Malgré ses demandes répétées, sa hiérarchie n’a jamais voulu le changer d’équipe. Il a porté plainte pour harcèlement moral et la Cour d’appel de Versailles lui a attribué, en novembre 2011, 8 000 euros de dommages et intérêts pour atteinte à la dignité. La SNCF a payé. Les harceleurs n’ont pas été inquiétés. Quant à Alain, il est depuis plus de trois ans en arrêt maladie.

Rapports accablants de la Halde et du Défenseur des droits

On pourrait aussi évoquer le rapport accablant pour la SNCF de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), qui écrit, dans le cas de Tiemoko Toure, que l’entreprise « a manqué à son obligation de résultat en matière de harcèlement » et que les sanctions prises à l’égard de ses harceleurs sont « tardives » et « manifestement insuffisantes ». Tiemoko Toure a même reçu une lettre d’excuses de la part de l’entreprise, ce qui n’a pas empêché son chef – un des responsables du harcèlement – d’être promu.

On pourrait également rappeler les conclusions du Défenseur des droits concernant le cas de Nourdine Lekhnati : « Il existe un faisceau d’indices mettant en évidence qu’il existe un lien entre l’origine de Nourdine Lekhnati et son absence d’évolution de carrière », écrivait la Haute autorité il y a quelques mois.

Entre les papis marocains et les jeunes générations, une filiation

On pourrait encore faire le lien entre ces discriminations et celles dont ont été victimes tout au long de leur carrière les Marocains que la SNCF est allée recruter dans leur pays dans les années 1970, quand l’entreprise publique avait besoin de main-d’œuvre et pas chère.

Aujourd’hui, 744 de ces quelque 2 000 hommes – dont un certain nombre sont devenus Français sur le tard – portent plainte contre la SNCF pour discrimination. Jamais ils n’ont obtenu les mêmes droits et avantages que leurs homologues français, car l’accès au statut protecteur de cheminot est réservé aux Hexagonaux et aux ressortissants de l’Union européenne de moins de 45 ans.

Ils cotisent à l’assurance vieillesse et maladie du régime général et ne peuvent donc pas partir à la retraite à 55 ans comme les cheminots ; ils ne sont pas intégrés au processus de notation de la SNCF ; les concours internes ne leur sont pas tous ouverts, etc. Pourtant, leur contrat de travail stipule que « le travailleur étranger a droit au même régime de travail que les ouvriers français ». Aujourd’hui, leur avocat réclame 450 000 euros de dommages et intérêts pour chacun des plaignants. Sur cette affaire, en cours devant les Prud’hommes de Paris, la SNCF se refuse à tout commentaire.

Dans les deux cas, « c’est les mêmes a priori racistes et les mêmes inégalités de traitement auxquels on est confrontés, il y a une filiation », estime Radouane. « Ce collectif “Droit à la différence” est une manière de poursuivre la lutte initiée par les papas », abonde Zineb Lamliti, 33 ans, contrôleuse. Son père, que la SNCF est allée chercher au Maroc, est décédé en poste en 2003, à 62 ans. Devenu sourd, il n’a pas entendu le wagon lui foncer dessus. C’était le plus âgé de l’équipe.

« Le risque zéro n’existe pas »

A la SNCF, on réfute toute comparaison entre les deux affaires. « Dans le cas des Marocains, c’est une histoire de réglementation, pas de discrimination dans le sens de “harcèlement” », indique le service communication de l’entreprise. Et l’on préfère rappeler que la SNCF a signé, dès 2004, la charte de la diversité, qu’elle recrute dans les zones urbaines sensibles, que ses managers reçoivent une formation contre les discriminations, qu’un dispositif d’alerte devrait bientôt être mis en place, et qu’un responsable de la diversité, Claude Mwangelu, est en poste.…

Ce responsable, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, admettait lors d’une interview au quotidien 20 minutes en avril, qu’avec 160 000 agents « le risque zéro n’existe pas ». Il nous assurait toutefois que « tout comportement prohibé et discriminatoire est condamné et fait l’objet de sanctions disciplinaires ». Il rappelait aussi que depuis 2005, « 80 à 90 dossiers » ont été placés au contentieux.

« Mais l’entreprise, capable de déployer des moyens importants pour se présenter comme la championne de l’éco-mobilité et de l’égalité hommes-femmes reste, sur le sujet des discriminations raciales, timorée », tempère Eric Ferreres. secrétaire général de la CGT en charge des questions de protection sociale, il dit n’avoir « aucune lisibilité sur la portée des actions de la SNCF contre ces discriminations ». En a-t-il déjà parlé avec Claude Mwangelu ? « Qui est-ce ? », demande-t-il.


Les extraits des courriers et des rapports de la Halde et du Défenseur des droits ont été sélectionnés par l’auteure de cet article, qui en a obtenu une copie. Les rapports de la Halde ne sont pas publiés ici car ils ne sont pas publics, pour le respect de l’anonymat des personnes.

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  • Mois je suis pas étonné par ça, les francais de confession juive ils sont partis comment dans les quant ? Et a l heure donc il reste encore un peu de l adn raciste dans leur esprit

    8.01 à 17h54 - Répondre - Alerter
  • Vous dites n’importe quoi.
    "Chier sur le coran" n’a rien à voir avec du racisme.
    Vos propos sont islamophiles, et condamnables (un jour j’espère pénalement).

    29.11 à 22h31 - Répondre - Alerter
  • Des salariés de la SNCF venant de divers lieux géographiques et de divers métiers ont formé un collectif pour que cessent les arrangements entre les syndicats et la direction .Ce collectif cheminot lutte contre les discriminations racistes dans l’entreprise, il est joignable par mail à l’adresse collectifsncfdroitaladifference@gmx.fr .

    19.06 à 11h12 - Répondre - Alerter
  • Avant d’être salariés de la SNCF, ces hommes et ces femmes sont citoyens français.La loi défend les citoyens, car nul n’est autorisé à se faire justice lui-même .Le problème est que dans l’entreprise la loi ne s’applique plus, et les faits délictuels racistes sont étouffés par la direction pour avoir la paix social, et par les syndicats, pour monnayer la paix social auprés de la direction .Lorsqu’un salarié se retrouve seul face à la direction et que les syndicats font mine de regarder ailleurs, ou dans certains cas, plombent le salarié,le combat est perdu d’avance .

    15.06 à 12h05 - Répondre - Alerter
    • bonjour comment se joindre a vous pour faire plus de bruit pour que m guillaume pepy fasse au moin semlant de combattre le racisme a la sncf car sa devient tres grave le probleme cest qu il sont dans denni au technicentre est europeen il font craquer les arabes un par un j usqua la depressionmon fils travaille la ba et j ai peur por lui

      18.02 à 17h39 - Répondre - Alerter
  • Cultivons l’indifférence et non la différence.

    8.06 à 18h02 - Répondre - Alerter
  • Le manque de respect est à l’origine de tous les maux,que les gens ne respecte pas : la nature,l’ecosystème,la diversité,la différence...Je trouve que Terra eco a bien fait de traiter le sujet du "racisme ordinaire"dans une entreprise publique de 150000 personnes .Ceux qui veulent que les écologistes soit vu comme des "rêveurs qui ne se positionne que sur "la survie des insectes" trouveront que ce sujet n’a pas sa place dans ce journal.L’écologie est une conception citoyenne de mode de vie ,des hommes et des femmes de toutes les couleurs partagent cette conception, alors dire que c’est sujet qui n’a rien a voir avec l’écologie c’est dire à ces gens"votre souffrance ne nous regarde pas".Respectons le droit à la différence .

    7.06 à 12h21 - Répondre - Alerter
  • Je compatis pleinenemnt à la souffrance de ces personnes et au combat contre le racisme, mais quid de l’écologie dans cet article ?. Nous sommes
    amenés ici à adopter des tendances partisanes qui n’ont rien à voir avec
    la problématique majeure environementale, c’est une dérive qui colle aux
    thèmes de campagne d’ EELV mais que je n’attends pas dans la ligne éditoriale de ce magasine.

    Salutations

    6.06 à 11h08 - Répondre - Alerter
    • Est-ce que l’écosystème de toutes ces personnes ne vous parait pas sérieusement perturbé ?
      Où s’arrête l’écologie ? Pour moi, pas uniquement aux brins d’herbe et aux petits oiseaux...

      Pour EELV, que je ne soutiens pas particulièrement, c’est un parti politique. Si j’ai bien compris, leur programme est d’aborder les mêmes préoccupations que tout autre parti. En conséquence il est de leur devoir de parti d’avoir une position sur tous les sujets, fussent-ils "non écologiques". Ils le font avec leur approche de l’écologie, au sens large, il me semble. C’est à dire avec une préoccupation globale, incluant les aspects, humains, environnementaux, sociétaux, de gouvernance et économiques, pondérant la vision économico-bornée de bien d’autres partis (PS : même de certain dit de gauche)...

      6.06 à 11h44 - Répondre - Alerter
      • l "écosystème" de ces personnes est peut-être moins perturbé que celui des perturbateurs ;-) - Pour le reste c’est bien ce que j’écrviais je n’attends pas particulièrement que Terra Eco(nomica) reprenne les sujets non-écologiques d’EELV. Bien cordialement à vous.

        6.06 à 12h09 - Répondre - Alerter
    • Bonjour et merci de vos commentaires,
      Le respect de l’être humain et de ses droits, celui de la biodiversité, la durabilité du système économique et la gouvernance en général sont les fondements de ce que l’on appelle "le développement durable". La ligne éditoriale de Terra eco traite de toutes les questions d’actualité au prisme de ces quatre grand piliers. A ce titre, notre enquête sur le racisme au quotidien dans une entreprise publique comme la Sncf répond bien à notre positionnement éditorial.
      Cordialement
      David Solon
      Directeur de la rédaction

      6.06 à 12h23 - Répondre - Alerter
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