Demain, le jaune citron entre à la maison. C’est la couleur du compteur qui va nous servir de lunettes pour lire notre consommation électrique. Fini le temps du boîtier sombre qui parle en symboles obscurs. Le Linky est censé réveiller en nous l’esprit du chasseur de kilowatts-heure. Sur son tableau de bord, les jours bleus ou rouges, les heures pleines ou creuses et la puissance tirée. Le téléviseur en veille ne pourra plus cacher sa gourmandise. Et nous pourrons attendre les « happy hours » pour lancer le lave-vaisselle. C’est un sésame enthousiasmant… à condition de bien vouloir l’entendre. Car le Linky n’est pas un robot mais, pour l’instant, juste un simple baromètre. ERDF, la filiale du groupe EDF à l’origine du projet, va, elle aussi, réduire sa facture. « On fera les relevés de compteurs à distance, ce qui permettra d’économiser les 35 millions de kilomètres annuels parcourus par les techniciens », affirme Jean-Marie Bernard, directeur technique du Linky.
Depuis mars, 300 000 foyers l’ont vu débarquer en avant-première. Des Lyonnais et des habitants de la campagne tourangelle découvrent ainsi ce boîtier fabriqué dans des usines françaises et européennes. Le Linky est relié par des ondes à un ordinateur central, qui veille au grain et peut agir instantanément sur le parc, en cas d’incidents par exemple. Avant d’entrer dans tous les foyers français – en 2013, si tout se passe bien –, ce nouveau compteur doit encore se soumettre à l’évaluation de la Commission de régulation de l’énergie en avril 2011 et à un éventuel décret le généralisant en France. « Un compteur intelligent, comme le Linky, permettra une meilleure gestion du système électrique, notamment pour l’offre d’énergies renouvelables » analyse Eric Peirano, du service réseaux et énergies renouvelables à l’Ademe.
Le pouvoir des micro-coupures
Ce boîtier jaune cache une petite révolution : celle du « smart grid » ou « réseau de distribution intelligent ». Une évolution que la Commission européenne appelle de ses vœux d’ici à 2020. L’idée ? Développer des logiciels de pilotage énergétique. « Ils pourront agir sur les appareils, en provoquant, par exemple, des microcoupures de chauffage pendant quinze minutes, afin de réguler le système », explique Fabrice Haïat, Pédégé de Vizelia. Sa société a mis au point une solution permettant de lire, sur son ordinateur ou son iPhone, sa consommation électrique. Si le Linky promet des jours meilleurs, il suscite quelques inquiétudes. Obligatoire, il fournira des informations personnalisées sur chacun à ERDF. Dans la moitié des cas, il se trouvera à l’extérieur du logement. Pas le plus simple pour surveiller sa consommation. Et que vont devenir les techniciens d’intervention clientèle qui venaient à la maison ? La CGT Mines-Energie espère leur reconversion dans le conseil en maîtrise d’énergie. Enfin, question cruciale : quid du recyclage des 35 millions de vieux compteurs ? —
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