Terra eco : L’écologie a-t-elle une chance de sortir gagnante du quinquennat qui s’ouvre ?
Yannick Jadot : Bien sûr. Et pour trois raisons. D’abord le président de la République a d’ores et déjà annoncé qu’il allait renouer le dialogue avec tous les acteurs de la transition écologique. Les agences d’Etat, les parlementaires, les associations, les syndicats, les collectivités, l’Etat et les citoyens sont concernés.
Vous voulez dire que la gauche engagera un Grenelle III de l’environnement ?
Nous irons au-delà. Le Grenelle de l’environnement était un débat entre parties prenantes, or c’est un débat de société, citoyen, dont la France a besoin. La seconde raison, c’est la compréhension par le Parti socialiste qu’il y a vraiment moyen de faire des bénéfices industriels, sociaux et environnementaux via l’économie verte. Nos partenaires politiques ont bien vu notamment dans les pays nordiques ou aux Etats-Unis que cette économie durable peut contribuer à créer des centaines de milliers d’emplois, stimuler l’innovation et limiter les délocalisations.Le Parti socialiste serait-il brutalement devenu écolo ?
On ne peut pas ignorer le contexte international et l’indispensable transition énergétique de notre société. C’est le troisième élément qui me pousse à croire que l’écologie sortira grandie de ce quinquennat. Le débat sur l’énergie va bien au-delà de la seule question nucléaire. François Hollande dans sa campagne a parlé à de nombreuses reprises de cette transition. Il a parlé de baisse de la consommation énergétique, d’efficacité et de relance des énergies renouvelables. Je suis confiant.A vous entendre, ce sont les écologistes qui ont gagné la présidentielle ?
Je n’ai pas dit cela. Je dis seulement que l’on ne peut ignorer les grands débats qui viennent. Deux exemples. Comment résoudre la crise de l’Europe sans intégrer la dimension écologique ? En 2014, le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat) publiera son prochain rapport sur le changement climatique, c’est aujourd’hui qu’il faut le discuter et adapter notre pays.Vous oubliez la question nucléaire, l’aéroport de Nantes, l’appel récurrent à la croissance... Sur ces points, vos positions sont très éloignées de celles du PS ?
Ecoutez, sur l’aéroport, vous l’avez vu comme moi, c’est un moratoire de deux ans qui a été décidé. C’est une étape très importante. Maintenant, la logique voudrait qu’une décision de justice permette à chacun de sortir par le haut de ce dossier à la rationalité économique, budgétaire et environnementale très discutables. Concernant la croissance, tout dépend des ingrédients que l’on y met. Si elle est verte et durable, cela ne me pose aucun problème. Enfin pour le nucléaire, François Hollande a fixé son plan de marche. Nous serons très attentifs.Au-delà du jeu des strapontins et des personnes, depuis quel ministère Europe Ecologie - Les Verts pourrait-il mener cette transition dont vous parlez ?
L’industrie sans aucun doute. C’est de là que peut partir le changement.
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