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24-04-2014
Mots clés
Alimentation
France
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Encore un peu de céréales avec ton sucre, mon chéri ?

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Encore un peu de céréales avec ton sucre, mon chéri ?
(Crédit photo : manetli - fotolia)
 
En 2012, Nestlé annonçait la diminution de la quantité de sucre dans ses céréales pour enfants d'ici 2015. Les petits-déjeuners ultra-chargés en glucides seraient-ils donc nocifs pour la santé des becs sucrés ? Avis contrastés.
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Quand un enfant a compris que sa langue n’était pas qu’une piste d’atterrissage pour l’avion à réaction en forme de cuillère qui lui fonce dessus, il est parfois difficile de le faire manger. Surtout le matin. Heureusement, les industriels aident les parents à trouver la parade : leur faire acheter des paquets de céréales les plus appétissantes possibles et donc très colorées, caramélisées, recouvertes de miel, agrémentées de pépites de chocolat, etc.

« Les enfants ont une appétence naturelle pour le sucre », rappelle Patrick Tounian, pédiatre et nutritionniste à l’hôpital Armand-Trousseau à Paris. Et les fabricants de céréales pour petit-déjeuner l’ont bien compris.

Des céréales pour enfants avec 40% de sucres

« Lors de nos tests comparatifs, on s’est rendu compte que les versions “enfant” des céréales sont systématiquement plus sucrées que les céréales pour adultes, explique Olivier Andrault, ingénieur en agroalimentaire pour l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Pour les industriels, mettre beaucoup de sucre, c’est l’assurance que l’enfant va demander à sa mère d’acheter le produit. »

Un rapide coup d’œil aux étiquettes permet de s’en rendre compte. « La teneur moyenne en sucres rapides pour les céréales de petit-déjeuner est de 25%, mais cela va de 0% à 40% selon les produits », expose Karima Kaci, secrétaire générale de la Collective des céréales pour le petit-déjeuner. Et les produits phare pour enfants de Kellogg’s et de Nestlé – les deux groupes leaders du marché français – affichent tous une teneur en sucres qui va au-delà des 30%.

Cela pourrait bientôt changer. A la fin de l’année 2012, la direction de Cereal Partners Woldwide (CPW), la coentreprise de Nestlé et General Mills qui commercialise des céréales pour le petit-déjeuner dans quelque 140 pays, a annoncé qu’elle allait diminuer de 24% la teneur en sucre de vingt de ses céréales destinées aux enfants et aux adolescents. Et de 12% le sodium contenu dans ces mêmes produits. Le tout d’ici 2015.

La France moins bec sucré que les autres pays ?

En 2010, Nestlé France a signé avec le gouvernement une Charte d’engagements volontaires de progrès nutritionnel pour ses céréales petit-déjeuner dans le cadre du Programme national nutrition santé.

Dans ce document, le groupe s’engageait à « réduire la teneur en sucres simples des céréales pour le petit-déjeuner enfants et adolescents de 12% en moyenne, sans compensation par un ajout de matières grasses, entre 2009 et fin 2012 ». Le taux de sucre pour ces mêmes produits a déjà diminué de 10% entre 2003 et 2009.

Kellogg’s aussi affiche ses efforts sur son site :« Depuis juillet 2011, la teneur en sucre des céréales Miel Pops, Miel Pops Cracks, Coco Pops 2 Choc’ et Chocos a baissé de 15% dans l’Hexagone et une réduction de 9% en moyenne est attendue pour l’ensemble des produits Kellogg’s d’ici 2014. »

Moins de sucre pour plus de ventes

« Cela reste totalement insuffisant, estime Olivier Andrault, de l’UFC-Que Choisir. L’Institut national de la recherche agronomique et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ont montré que pour un enfant qui consommerait 100 grammes de sucres simples par jour, ces baisses ne diminueront sa consommation que de 1 gramme ! » Pour éviter que le retour à un niveau de sucre acceptable ne dure « des siècles » – alors même que 70% des enfants ont une consommation exagérée de sucres simples en France –, l’UFC-Que Choisir réclame depuis une dizaine d’années que « les pouvoirs publics pilotent cette baisse générale des sucres rapides dans la consommation ». Sans effet à ce jour.

Mais, au fait, pourquoi ces baisses ? « De nombreuses mamans (ou même les papas !, ndlr) ne veulent plus que leurs enfants absorbent autant de sucre, ce qui empêche certaines d’entre elles d’acheter des céréales », a clairement expliqué mi-octobre Jeffrey Harmening, qui dirige CPW, le premier producteur européen de céréales pour enfants. En effet, 18% des enfants sont obèses ou en surpoids en France. Et « on voit apparaître des cas de diabète de type 2 chez l’enfant, lié à son alimentation », explique Olivier Andrault.

Sens du progrès ou ineptie ?

Dans la branche française de Nestlé, on évoque ce dernier point de manière sibylline : « Dire que c’est parce que nos céréales sont trop sucrées qu’on diminue leur teneur en sucre, c’est comme dire que le TGV a été inventé parce que les trains précédents étaient trop lents. Alors qu’on suit juste le progrès. » Hum… « Et puis on sait que c’est pertinent au regard des nouvelles données nutritionnelles », finit par admettre notre interlocutrice.

Cet argument santé est toutefois balayé d’un revers de main par Patrick Tounian, spécialiste des troubles de poids chez l’enfant. Pourquoi ? Parce qu’un enfant sait naturellement réguler ses apports caloriques, estime celui qui dirige la formation universitaire « Obésité de l’enfant et de l’adolescent » à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie. Si un enfant consomme beaucoup de sucres le matin, et donc beaucoup de calories, « son système de régulation du poids, très performant à cet âge, va moduler l’appétit pour compenser l’excédent énergétique sur les repas suivants ».

Le seul vrai risque d’une trop grande consommation de sucre serait donc, bien plus que l’obésité ou le diabète, l’exposition à des carences nutritionnelles !

Pour le docteur, cette « peur phobique totalement démesurée à l’égard du sucre et des aliments plaisir », est le reflet de la « peur de succomber au péché originel, puisqu’on naît avec le goût pour le sucré ». Mais il l’admet volontiers : « Mon point de vue est plutôt original, et tout le monde ne pense pas comme moi. »


Un marché qui grossit sans cesse

Les enfants sont, en France, les principaux consommateurs de céréales au petit-déjeuner. Ils sont 60% à en manger au moins une fois par semaine (62% des 3-14 ans et 54% des 15-17 ans), contre seulement 17% des adultes, selon le Credoc, qui se base sur l’enquête Inca 2008. En moyenne, les petits mangeurs de céréales en consomment 23,1 g/j au petit-déjeuner.

Dans l’Hexagone, 67,4% des ménages achètent régulièrement des céréales, pour un poids de 6,3 kg par an et par ménage acheteur, selon le Syndicat français des céréales prêtes à consommer ou à préparer. En tout, l’an dernier, 126 080 tonnes de céréales de petit-déjeuner ont été vendues en France, pour une recette de 755 millions d’euros. Des chiffres en augmentation constante.


Visionnez ici le webdoc « Un empire dans mon assiette » dont nous sommes partenaires. Et notamment la vidéo « A-t-on sacrifié Grosquick pour rien ? » sur la lutte contre l’obésité prétendûment endossée par Nestlé.


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