Il ne s’agit que d’un petit contrat, signé au beau milieu de l’été, et sur lequel EDF n’avait alors pas jugé opportun de communiquer : à partir de 2019, et pour au moins vingt ans, du gaz naturel liquéfié (GNL) américain alimentera les centrales électriques françaises. Tandis que son fournisseur, la compagnie américaine Cheniere se réjouit dans un communiqué de compter EDF parmi ses nouveaux clients, de son côté, l’électricien français se montre discret. Et pour cause, importer du gaz américain revient implicitement à importer du gaz de schiste, dont la seule méthode d’extraction efficace, la fracturation hydraulique, est interdite depuis 2011 sur le sol français.
« Dire que nous importons du gaz de schiste, c’est faire un raccourci, corrige le service communication d’EDF. Le gaz de schiste ne représente que 30% à 40% du gaz qui circule aujourd’hui dans les gazoducs américains. » Autrement dit, dans les navires qui achemineront le gaz naturel liquéfié de l’usine texane de Cheniere aux centrales électriques européennes (françaises, mais aussi britanniques et italiennes), le gaz de schiste pèsera pour un tiers du chargement.
Diversifier ses fournisseurs
Une broutille, si l’on en croit l’électricien français. De fait, ramené aux 3,5 milliards de tonnes de gaz consommées en France chaque année, les 770 000 tonnes de GNL achetées à Cheniere pour ses activités européennes (et donc pas seulement françaises) ne pèseront par lourd. Et pour cause, « ce gaz n’est pas destiné à la consommation des particuliers, mais à alimenter les usines de production d’électricité », précise EDF. Pour justifier cet achat, l’électricien argue de la nécessité de diversifier ses fournisseurs, pour l’instant libyens, qataris, russes et algériens. Mais se tourner vers le gaz américain présente un autre avantage : « La livraison en bateau donne plus de flexibilité qu’un gazoduc », précise le service communication. L’approvisionnement de la future centrale thermique de Bouchain (Nord) et du terminal méthanier de Dunkerque, dont la construction doit s’achever en 2015, pourraient s’en trouver facilité.En juillet, l’association France Nature Environnement s’emportait contre le « cynisme » de ce recours implicite au gaz de schiste. « C’est la même chose que les OGM. On s’interdit de les produire sur le territoire français parce qu’on considère que c’est trop dangereux, mais on les importe massivement pour l’alimentation de notre bétail », estimait alors son porte-parole, François Hartmann. Une prise de position qu’EDF a préféré ne pas commenter.
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