Ah bon, y’a un sommet ?
Du 28 novembre au 9 décembre, Durban, en Afrique du Sud, accueille la XVIIe conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Reprenez votre souffle, il y a plus court : dans le milieu, on l’appelle COP17. Elle fait suite au COP15 de Copenhague (au Danemark, en 2009) et au COP16 de Cancún (au Mexique, en 2010), censés préparer la suite du protocole de Kyoto, seul texte contraignant jamais signé sur le climat, en 1997.
Le premier a été un fiasco dont n’est sorti qu’un texte de « bonnes intentions » et même pas signé par les « parties ». Le second a débouché sur un accord signé, qui fixe des objectifs à atteindre mais pas les moyens d’y parvenir. Ces décisions devront être prises à Durban.
Après Kyoto, le déluge ?
Sauf que la validité de Kyoto se termine le 31 décembre 2012. Durban est donc le sommet de la dernière chance pour bâtir rapidement un nouveau protocole contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon assure qu’il n’est plus possible de « demander aux plus pauvres et aux plus vulnérables de payer le prix du changement climatique » mais des désaccords en série minent les négos. La Chine, premier émetteur mondial de CO2, refuse de signer tout accord pour préserver son « droit au développement ».
Les Etats-Unis, deuxième pays émetteur de la planète et qui n’a jamais ratifié Kyoto, n’avanceront pas d’un pouce si la Chine ne fait rien. La Russie et le Japon – qui avaient eux paraphé Kyoto – sont du même avis. L’Union européenne, enfin, affirme ne rien vouloir signer sans engagement de réduction des Etats-Unis. Bref, peu d’observateurs croient encore à la signature en Afrique du Sud d’un traité effectif dès 2013. Certains espèrent reporter l’échéance à 2017. D’autres appellent déjà à renoncer à des accords globaux pour adopter un système de négociations bilatérales, sur le modèle des accords de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Sauf que les pays pauvres n’auraient, comme à l’OMC, que peu de poids et qu’il paraît peu probable de remplir des objectifs planétaires de cette manière.
Le Fonds vert, enfin du concret
Il pourrait tout de même émerger une initiative concrète de ces négociations. A Cancún, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars (74 milliards d’euros) par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement et émergents à assumer le coût du changement climatique.
Comment ? Grâce à un « fonds vert » créé pour lever et distribuer ces sommes, notamment pour financer la protection des forêts tropicales ou le partage des technologies vertes. Pour l’instant, ce fonds n’est encore qu’une coquille vide : il n’a ni représentants, ni règles de fonctionnement, et n’a pas été abondé. Durban pourrait régler ces questions.
Le sablier est bientôt vide
Et pendant ce temps, il y a urgence. Car dans cinq ans il sera trop tard. Trop tard pour avoir une chance de limiter le changement climatique à « seulement » + 2 °C d’ici à 2050. L’ultimatum a été posé par l’Agence internationale de l’énergie dans un rapport paru début novembre. Celle-ci craint que nos émissions et installations polluantes continuent à s’accroître dans de telles proportions dans les années qui viennent qu’il deviendra impossible de revenir en arrière.
Les scientifiques considèrent que les émissions doivent absolument être limitées à 450 parties par million (ppm) de CO2 dans l’atmosphère pour ne pas dépasser un réchauffement de plus de 2 °C. Or, nous avons déjà atteint les 390 ppm. Et le rythme des émissions continue à augmenter, malgré la crise. On pourrait atteindre le seuil fatidique dès 2017, de quoi porter la hausse des températures à 3,5 °C d’ici à 2050, avec des conséquences incontrôlables en cascade.
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