A trois jours du début de la conférence environnementale, le Rassemblement pour la planète [1] organisait mardi une conférence de presse pour présenter les mesures qui seront défendues par le mouvement lors des cinq tables rondes des 14 et 15 septembre. Nadine Lauverjat, chargée de mission à l’association Générations Futures et présidente du Rassemblement pour la planète a répondu à nos questions à cette occasion.
Terra eco : On sent de l’inquiétude dans vos discours. Craignez-vous que cette conférence soit un échec ?
Nadine Lauverjat : Notre crainte, c’est que cette conférence environnementale ne soit qu’un coup de com, et qu’on se contente de rappeler de bons principes et d’annoncer des débats à venir. Nous n’en sommes plus là, l’écologie ce n’est plus ça, ça ne peut plus être ça. L’écologie doit être la clé de voûte des politiques de l’ensemble des ministères, et l’urgence nous presse. La crise financière est la manifestation d’un modèle de développement qui n’est plus viable, et nous sommes également confrontés à des crises environnementale, énergétique et enfin sanitaire – je rappelle à ce dernier titre qu’il y a plus de 1 000 nouveaux cas de cancers qui sont détectés par jour en France. Cette conférence doit réussir à affirmer la volonté politique du gouvernement de s’attaquer à ces quatre crises de front.
On a entendu les mêmes mots et les mêmes ambitions il y a cinq ans, avant, pendant et après le Grenelle de l’environnement. Pourtant l’écologie n’est toujours pas la clé de voûte des politiques publiques, et beaucoup de mesures n’ont pas été appliquées. Etes-vous mieux préparés aujourd’hui qu’il y a cinq ans pour peser dans cette conférence ?
Le Grenelle était pour nous une grande première. Les ONG environnementales avaient déjà travaillé ensemble, mais n’avaient jamais eu à compiler et à proposer un ensemble de mesures avant ce Grenelle. On a un peu eu tendance, à l’époque, à arriver avec un catalogue de mesures. Aujourd’hui, nous avons une vision politique cohérente pour opérer une changement de logiciel. Nous insistons aussi sur les mesures les plus réalistes.
Vous voulez parler des mesures les moins coûteuses ?
Oui, il est certain que nous pouvons aujourd’hui proposer des mesures de sobriété et de prévention, qui représentent plusieurs milliards d’euros d’économie. On ne dit pas que cela se fera du jour au lendemain, mais il y a d’immenses opportunités d’économie et de compétitivité pour la France dans ce que nous proposons. Nos propositions sont réalistes, concrètes et applicables rapidement. L’argument de la crise et de la dette n’est plus recevable.
Est-ce que l’après-conférence environnementale vous semble mieux préparé que l’après-Grenelle ?
Le processus me semble meilleur. Il y aura d’abord ces deux journées où l’on fixera un cap, et il y aura ensuite une feuille de route, des rendez-vous réguliers et des bilans d’étape chaque année. Les petites structures que nous représentons risquent moins l’essoufflement que nous avons connu lors du Grenelle. Par ailleurs, il y a de bons signaux, comme la présence de parlementaires nationaux et européens et de ministres lors de la conférence. Mais, encore une fois, nous attendons de voir comment va se passer cette conférence, et surtout nous attendons des objectifs clairs et très ambitieux.
Comment jugerez-vous de la réussite ou de l’échec de cette conférence à sa clôture samedi midi ?
On attend des signaux forts, d’abord dans les discours du président de la République et du Premier ministre. Il faudrait une clarification du discours gouvernemental. Dire qu’on veut sortir progressivement du nucléaire, mais qu’on en a durablement besoin (selon l’expression de la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, ndlr) ce n’est plus possible.
Par ailleurs, nous souhaitons des mesures concrètes et rapides. Il y a d’abord des mesures qui ont déjà été votées, et qui n’attendent qu’un décret d’application. C’est le cas par exemple de l’interdiction de la production de téléphones portables dédiés aux enfants de moins de six ans. Il y a aussi de grands chantiers qui peuvent être démarrés, et bien sûr des coups d’arrêt qui peuvent être donnés à des projets symboliques comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’exploitation des gaz de schiste en France.
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