Sur terre, 97 % de l’eau disponible est salée, et 2 % est douce mais gelée. L’eau douce liquide ne représente donc qu’un petit 1 % de l’ensemble, et elle est très mal répartie. 10 pays possèdent 60 % de l’eau mondiale, et 80 pays souffrent de pénuries. Au total, l’Europe, qui doit nourrir 13 % de la population mondiale, ne possède que 8 % des ressources en eau. Les plantes, constituées à 80 % d’eau, en ont énormément besoin pour pousser : ce n’est que parce qu’elles transpirent abondamment que la sécheresse de leurs extrémités fait monter par capillarité leur sève.
Nous avons donc besoin de beaucoup l’eau pour manger : en moyenne, pour produire un kilo de céréales, il faut dépenser une tonne d’eau. Certaines céréales, comme le blé, sont habiles, parce qu’elles « boivent quand il pleut », au printemps. D’autres se font remarquer, comme le maïs, dont les besoins en eau sont au maximum en juillet-août, quand, en général, il ne pleut pas. Quand on passe du blé au maïs, il faut donc pouvoir conserver d’une manière ou d’une autre l’eau du printemps pour la resservir en été. Au total, au niveau mondial, 70 % de l’eau douce qui est utilisée l’est pour l’agriculture. En France, on tombe à 43 %, autant que pour les usages domestiques et urbains.
Mais nous n’utilisons qu’une faible partie de l’eau de pluie : en France il tombe environ 480 milliards de m3 par an - dont 320 s’évaporent - et les fleuves transfrontaliers en apportent 10 de plus. On peut donc théoriquement disposer de 170 milliards de m3 par an. Or, on n’en utilise qu’un peu moins du quart : 40 milliards tandis que le reste se déverse inutilement dans la mer. Si l’on veut vraiment mieux gérer l’eau, on a donc de la réserve.
Mais toutes les régions n’ont pas le même potentiel : la moitié sud est nettement moins bien dotée que le nord, et, au nord, les terrains granitiques comme la Bretagne et le Poitou-Charentes retiennent peu l’eau, tandis que le bassin parisien consomme beaucoup plus qu’il ne reçoit. Alors, face à la dégradation du climat mondial qui va augmenter la fréquence des phénomènes extrêmes et nous exposer successivement à la sécheresse et aux inondations, que pouvons-nous faire pour sauvegarder notre agriculture, et donc notre alimentation ?
- Augmenter partout où c’est possible nos réserves d’eau (petites moyennes et grandes !), les remplir en hiver et les années de fortes pluies pour pouvoir les utiliser lorsqu’on en aura besoin.
- Utiliser systématiquement pour l’agriculture les eaux issues du retraitement des eaux usées des villes, plutôt que de les rejeter dans les rivières.
- Mieux entretenir nos systèmes d’irrigation pour éviter des pertes en ligne, et passer à des systèmes plus économes, en particulier, irriguer la nuit plutôt que le jour et, partout où c’est possible, privilégier le goutte-à-goutte.
- Changer nos assolements, pour produire des espèces moins gourmandes en eau ou qui nécessitent de l’eau dans des périodes de l’année plus favorables. En particulier remplacer le maïs par le sorgho ou le tournesol. Et trouver des variétés qui transpirent moins, quitte à utiliser les technologies OGM pour ce faire.
- Changer nos pratiques culturales pour favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol et limiter l’évaporation et le ruissellement. En particulier diminuer fortement le labour au profit du semis direct sous couverture végétale, et entretenir des haies.
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