Un foyer composé de deux adultes et deux enfants consomme en moyenne 2 700 kW/an d’électricité, hors chauffage et eau chaude, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Or, chauffer l’eau et les pièces, c’est justement ce qui consomme le plus d’énergie à l’heure de ronfler.
- Le gouffre du chauffage
La température idéale d’une chambre se situe entre 16 et 17°C mais, d’après une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) menée en 2010, près de la moitié des Français âgés de moins de 26 ans et un quart des 36-45 ans considèrent que, pour être bien sous la couette, le thermomètre doit afficher plus de 19°C. Résultat : on monte le thermostat.
Pourtant, un degré plus frisquet c’est peut-être une couverture en plus, mais c’est surtout 7% de consommation d’énergie en moins. Pas mal quand on sait que le chauffage représente 61% de la consommation globale d’énergie des ménages, comme l’indique ce graphique de l’Ademe.
Cette situation arrange bien les producteurs d’électricité. En effet, comme l’explique Sophie Attali, du comparateur d’achat Topten (soutenu par l’Ademe et initié par le WWF-France et l’association de consommateurs CLCV), « on ne peut pas éteindre une centrale nucléaire le soir et la rallumer le matin : elle produit en continu. Voilà pourquoi EDF a longtemps eu une stratégie visant à faire consommer les Français la nuit pour lisser cette différence ».
Le tout électrique pénalise les ménages, malgré les heures creuses
D’où des incitations fortes, dès les années 1970, à équiper les logements de radiateurs électriques, mais aussi de ballons d’eau chaude fonctionnant aux électrons, alors même que c’est le mode de chauffage le moins économique. Et d’où, également, l’instauration d’une tarification avantageuse en heures creuses la nuit et, pour les ménages qui y ont souscrit, l’activation automatique des chauffe-eau pendant ce laps de temps. « Le but est de pousser les Français à différer le plus possible les consommations qui peuvent l’être. Le problème est que les ballons électriques sont la solution la plus gaspilleuse en énergie pour chauffer de l’eau », analyse Edouard Toulouse, de Topten.
Un ballon d’eau chaude électrique pour une famille de 4 personnes consomme entre 11 et 14 kWh/nuit, selon ses calculs (soit une facture totale entre 550 euros et 700 euros, au tarif plein ; entre 417 et 531 euros en heures creuses).
Réduire l’appétit des chauffages électriques est possible à condition d’investir dans un appareil de régulation de la température, qui la fait automatiquement plonger de quelques degrés quand on est dans les bras de Morphée. Cet équipement – pour le financement duquel il est possible d’obtenir des aides financières – permet de faire entre 10% et 25% d’économies d’énergie.
- Quelques consommations incompressibles
On aura beau traquer la moindre fuite d’électricité inutile pour épargner la planète et faire des économies, il faudra toujours débourser, un peu, pour faire tourner son réfrigérateur ou congélateur (grosso modo 0,5 kWh/nuit selon Topten) et les ventilations mécaniques, ou VMC (0,15 kWh/nuit). Rappelons qu’1 kWh coûte, ces temps-ci, environ 13,7 centimes d’euro et 10,4 centimes si vous avez un abonnement heures creuses, plus cher à l’année. Résumé : 25 euros par an pour avoir du lait frais le matin (au tarif normal) et 7,5 euros pour une maison bien ventilée.
Et si, parce que votre enfant a peur du noir, vous laissez une veilleuse allumée, c’est un petit 0,02 kWh/nuit qu’il faut ajouter à votre facture, le temps qu’il grandisse, selon les estimations de Topten.
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Mettre les veilles en veilleuse
On ne s’en rend généralement pas compte, mais presque tous les appareils électriques continuent à consommer de l’électricité tant qu’ils restent branchés à la prise, car un courant résiduel circule toujours. Et ce, même si vous les avez mis sur « arrêt » et les pensez donc éteints. C’est ce qu’on appelle les « veilles cachées ». Selon Legrand, l’entreprise spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, « les appareils laissés en veille représentent 7% minimum de votre consommation électrique, voire même jusqu’à 18% ». L’Ademe indique que « la consommation globale de ces veilles a augmenté de 30% ces dix dernières années et peut aller de 300 à 500 kWh par logement et par an ».
Dans les foyers français, l’agence a dénombré entre 15 et 50 équipements électriques dotés de veille, allant de la plaque à induction à la box Internet (0,1 kWh/nuit à elle seule) en passant par le lave-linge. Plongés dans cet état, ces équipements peuvent représenter plus de 25% de la consommation nocturne d’électricité d’une famille qui ne se chauffe pas à l’électricité, selon Topten. Même pour les foyers qui ont des radiateurs à électrons, le coût de cette veille de nuit n’est pas négligeable : environ 70 euros par an. Une somme à laquelle Topten a abouti en considérant 14 équipements électriques plus ou moins récents restés branchés du soir au matin, pour une puissance de veille cumulée de 35 watts : deux chargeurs de portable sans téléphone connecté, une télé à écran plat, un lecteur DVD, une console de jeux, une machine à café, un grille-pain, un ordinateur et une imprimante, etc. (voir les modalités du calcul)
La veille engloutit la production de deux réacteurs nucléaires
Powermetrix, cabinet qui fait des études de la consommation résidentielle d’énergie, évalue pour sa part la consommation de veille (jour et nuit confondus) à 64 watts en moyenne pour un foyer d’une personne, à 82 watts pour deux personnes et à 99 watts pour trois personnes ou plus, pour une facture annuelle d’environ un euro par watt de veille. Si l’on prend l’ensemble des foyers français, ce sont 2 300 mégawatts qui partent à chaque instant dans ces « fuites » d’électricité. Soit, au niveau national, l’équivalent de la production de deux réacteurs nucléaires, pour un coût de 2 milliards d’euros gaspillés...
Certes, il y a du mieux depuis qu’une directive européenne, entrée en vigueur en janvier 2010, limite la puissance en veille à 0,5 W. Cela a notamment incité les vendeurs de cafetières à dosettes à modifier la technologie de leurs machines, qui jusque-là consommaient presque autant qu’un frigo en maintenant constamment l’eau au chaud. « Pour autant, on ne peut pas dire aux ménages de simplement racheter des appareils moins énergivores, car cela entraînerait la hausse du nombre de déchets électroniques qu’on sait mal recycler », précise Alain Anglade, ingénieur à l’Ademe spécialiste des équipements électroniques.
Il ajoute que la directive, si elle a eu un impact positif sur les nouvelles générations de certains équipements électriques, a quand même « des trous dans la raquette » : « Non seulement ces progrès sont compromis par la multiplication d’appareils connectés à Internet dans nos habitats et dotés de modes de veille, mais il faut aussi prendre en compte le fait que ces nouveaux équipements connectés n’entrent pas dans le champ d’application de la directive. » En veille, ils dépassent généralement les 1 Watt. Topten rapporte une étude de la Commission européenne qui a révélé que, si rien n’est fait pour contrer ces nouveaux modes de veille, « ils pourraient représenter en Europe une consommation d’énergie de l’ordre de 100 TWh par an d’ici 2020, soit autant que les besoins résidentiels d’électricité de toute l’Europe de l’Est ».
La seule solution qui vaille pour réduire la veille de nuit est soit de débrancher chaque appareil après usage, soit d’investir dans des multiprises à interrupteur, que l’on éteint avant d’aller se coucher.
Evaluez la consommation de vos équipements en veille :
Relevez votre compteur avant d’aller vous coucher puis le lendemain au lever, et comparez. Le jour suivant, éteignez le plus d’équipements possible en fin de journée et refaites les relevés le soir puis le matin d’après. Comparez les deux situations.
Equipez-vous d’un wattmètre, petit appareil de mesure de la consommation électrique de n’importe quel équipement. Il vous en coûtera entre 15 et 40 euros à l’achat mais vous pouvez en trouver en location dans des magasins de bricolage.
Pour des appareils achetés entre 2011 et 2013, l’information se trouve probablement sur le site Internet du fabricant, sur la fiche du produit, ou dans le manuel de l’utilisateur.
Pour des produits achetés en 2009 ou 2010, le guide Topten oriente vers la base de données du projet européen Selina qui a testé environ 6 000 produits. Pour savoir comment l’utiliser, suivez le guide.
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