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29-01-2009

Chiquita ou le régime de fer

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Pour s’imposer en Amérique latine, le leader mondial n’a pas hésité à soutenir des mouvements armés. Et dans ses plantations, les bananes se ramassent à la chaîne.
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En Amérique latine, l’industrie de la banane a longtemps été liée aux pires régimes. Et la situation ne s’est pas vraiment améliorée. En mars 2007, Chiquita, géant mondial de la banane, a reconnu avoir versé, entre 1997 et 2004, 1,7 million de dollars aux Autodéfenses unies de Colombie, une milice d’extrême droite. Souvent accusée d’être l’un des bras armés de la CIA sur le continent latino-américain, la multinationale nordaméricaine a réussi à négocier une sortie en douceur avec le département américain de la Justice. Les six dirigeants de Chiquita incriminés s’en sont tirés avec un chèque-amende de 25 millions de dollars et ont été exemptés de toute poursuite.

Mais l’affaire n’est pas pour autant enterrée : 393 familles de victimes des paramilitaires dans les régions productrices de bananes ont déposé plainte aux Etats-Unis contre Chiquita. Leurs avocats réclament une indemnisation de 7,8 milliards de dollars pour « terrorisme, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, exécutions sommaires et torture ». Du lourd. D’autant que la multinationale ne s’est peutêtre pas contentée d’argent. En novembre 2001, 3 000 fusils AK-47 – les fameuses kalachnikov – et 2,5 millions de cartouches destinées à la même milice ont été découverts à bord d’un des bateaux de la compagnie.

Rattrapée par ses vieux démons, la multinationale tente depuis deux décennies de soigner son image. Pour cela, rien ne vaut un lifting radical. En 1990, la United Fruit Company abandonne son nom de baptème pour celui de Chiquita, sa mascotte, une jolie créole. Puis elle met un peu de vert dans ses fruits. Objectif : développement durable. Dès 1992, elle se rapproche intelligemment de l’ONG Rainforest Alliance, pionnière de la certification « verte » des forêts et des produits agricoles. Huit ans plus tard, toutes les bananes d’Amérique latine de Chiquita portent le label – une grenouille – de Rainforest. Et les critères de l’ONG, comme le rappelle Ana Lucia Corrales, sa représentante au Costa Rica, sont rigoureux : « arbres plantés sur 10 % de la plantation, égalité de salaires entre les femmes et les hommes, pas de travail des enfants, liberté d’association… »

Empaquetés d’insecticide

Sur le terrain, dans la plantation Chiquita de Guayacan, certifiée depuis 1995, la réalité est toutefois un peu différente. Certifiée ou non, la banane reste une culture industrielle. Les bananiers sont alignés sur des kilomètres le long d’allées numérotées. Du matin au soir, les ouvriers y accrochent les régimes à des câbles puis les poussent jusqu’à l’usine où ils sont lavés, étiquetés, puis emballés.

Dans ce Germinal tropical, rien d’autre que la banane ne doit vivre. Selon son responsable Oscar Bonilla, la plantation est bombardée « d’antifongiques chaque semaine par avion, d’herbicides toutes les huit semaines et d’engrais 17 cycles par an ». Sur chaque arbre, les bananes sont enveloppées dans des sacs en plastique bleu imprégnés d’insecticides, ce qui vaut à leur « empaqueteur » un contrôle sanguin tous les trois mois. En cas de contamination, certification oblige, l’employé est muté sur un autre poste.

Mais les remplaçants ne manquent pas : ici, plus de 70 % des employés sont des « Nicas », des immigrés venus du Nicaragua, pays voisin et beaucoup moins riche. « C’est un travail très difficile, la chaleur est terrible et les cadences sont élevées », affirme Melvin Chinchilla qui est, à 34 ans, l’un des plus vieux salariés de la plantation. Certes il y a eu des changements : « Avant si je m’étais syndiqué, ils m’auraient renvoyé dans l’après-midi. Plus maintenant.  » Mais, si Chiquita affirme rémunérer ses salariés au-dessus du salaire minimum légal au Costa Rica (160 euros), les employés, eux, confient être rétribués au nombre de régimes de bananes cueillis. « J’ai plus de travail sans changement de salaire », constate amèrement Melvin.

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