La France n’a peut-être plus les deux pieds dans le charbon (comme nous le soutenions en juin 2014), mais elle en a encore au moins un. Certes, des efforts ont été faits. Le 1er mars 2013, François Hollande a interdit à l’Agence française de développement (AFD) de financer, dans les pays du Sud, la construction de centrales à charbon « dès lors qu’elles sont sans captage ou stockage du CO2 ». Puis, le 10 septembre, Manuel Valls a annoncé l’arrêt immédiat des « crédits exports pour tous les nouveaux projets de centrale à charbon qui ne sont pas dotés d’un dispositif de capture et stockage de CO2 ». En clair, il met, à quelques nuances près, un point final aux activités de la Coface (Compagnie française d’assurance du commerce extérieur). Cet organisme est chargé d’offrir des garanties publiques aux entreprises françaises qui exportent leurs technologies dans les pays du Sud, au cas où leur client ferait défaut sur le paiement.
Restait le soutien au charbon via les opérateurs dans lequel l’Etat est actionnaire majoritaire ou de référence : EDF (84,49%) et Engie (33,29%). Engie a fait un premier pas le 14 octobre en annonçant qu’elle allait cesser d’investir dans les centrales à charbon dans le futur. Mieux, elle retirerait d’ores et déjà ses billes des projets dans lesquels elle n’était pas fermement engagée – soit sur un seul site : celui de la centrale d’Ada Yumurtalik en Turquie. Pas de retrait en revanche des projets au Brésil, au Chili et en Mongolie. Pas de changement non plus sur le terrain des 30 centrales déjà en activité et exploitées par Engie.
Parmi celles qui restent, quelques cas problématiques
Or, certaines « sont parmi les plus polluantes au monde, explique Malika Peyraut, chargée de campagne Institutions financières internationales pour Les Amis de la Terre. Deux d’entre elles sont même ultra problématiques. » C’est le cas de la centrale Vado Ligure en Italie, « située en plein centre et exploitée par Tirreno Power, filiale à 50% d’Engie. » Or, « après la parution d’une étude d’épidémiologie (voir article de Médiapart, ndlr) liant la mort de 400 personnes à la pollution de la centrale, le juge a ouvert une enquête. Et la centrale a été fermée administrativement », poursuit Malika Peyraut. Deuxième site en cause : celui d’Hazelwood en Australie, « considérée comme la troisième centrale la plus polluante au monde ».Selon un article de Challenges en date du 15 octobre 2015, Engie envisagerait de vendre ses centrales à charbon d’Asie et d’Australie. « Une décision que le PDG serait ravi d’annoncer en pleine conférence sur le climat », croit savoir l’article. Mais une annonce peu satisfaisante pour les ONG qui réclament une fermeture des activités charbon, et non leur revente qui ne change rien aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Et EDF dans tout ça ? « Il n’y a eu aucune annonce d’EDF, regrette Malika Peyraut. Ce qui est un peu paradoxal. Pourquoi Engie serait-il sous pression de l’Etat et pas EDF ? » Il est vrai qu’EDF n’a « pas de nouveaux projets connus » dans les tuyaux. Mais elle a encore 16 centrales en activité. Une chose est sûre, le dossier a progressé : « Il y a encore deux ans, c’était un non-sujet. On se moquait de moi dans les ministères quand j’évoquais le problème des investissements de l’État dans le charbon à l’étranger. Aujourd’hui, le gouvernement fait bouger les lignes », confie Malika Peyraut.
La carte du charbon made in France
Nous avons voulu faire un état des lieux des activités charbon encore détenues ou orchestrées par l’État français détenait à travers : Les centrales d’Engie (ou GDF Suez à l’international) et EDF en activité à travers le monde (respectivement 30 et 16 centrales en activité)
Les projets de centrales d’Engie (3 projets).
Sur cette carte vous trouverez aussi mention de la centrale turque dont Engie s’est retirée sous la pression de la société civile et des deux autres centrales à charbon présentes sur le territoire français mais exploitées par E.On.
Sources :
Comment les centrales à charbon d’EDF et Engie réchauffent la planète, rapport des Amis de la Terre et d’Oxfam.
« France Country Profile : G7 coal scorecard », rapport du think tank britannique E3G PDF
Site d’Engie
Site d’EDF
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