Dans la nourriture, dans l’air, dans l’eau… Les produits chimiques sont omniprésents dans notre quotidien. En France, chaque année, près de 65 000 tonnes de pesticides purs sont épandues. Parmi eux, des produits dont la dangerosité et la toxicité sont pourtant connues. La dernière enquête de « Cash Investigation », « Produits chimiques, nos enfants en danger », diffusée ce mardi 2 février sur France 2, se concentre sur les enjeux liés à l’usage des pesticides, et notamment, à ses conséquences probables sur des catégories particulièrement fragiles : les femmes enceintes et les enfants.
Direction la Gironde d’abord, pour savoir à quel point les plus jeunes sont exposés aux pesticides. Dans ce département viticole, 132 écoles sont classées « sensibles » à cause de leur proximité avec des zones d’épandage. A la sortie de plusieurs établissements, l’équipe de « Cash Investigation » prélève quelques mèches de cheveux pour les faire analyser. Le constat est sans appel : en moyenne, on relève 44 pesticides dans les cheveux de ces enfants, dont 24 classés dangereux ou interdits.
Le nombre de cancers infantiles augmente de 1% par an
Depuis 1980, le nombre de cancers infantiles augmente de 1% par an. Des leucémies, des tumeurs au cerveau, des malformations et mêmes des troubles autistiques peuvent être imputés à l’usage des produits chimiques. Le glyphosate, l’atrazine, le chlorpyrifos – des « noms qui sentent bon la nature », comme le souligne l’auteur de l’enquête – peuvent avoir des conséquences lourdes à long terme sur les femmes enceintes, sur les nouveau-nés et sur les jeunes enfants en développement.
Ponctuée d’interviews de scientifiques et de témoignages, l’émission s’invite ensuite en Californie. Là, des immigrés mexicains qui vivent au milieu des zones d’épandage ont constaté une nette augmentation de troubles autistiques parmi leurs enfants. A Hawaii, un « laboratoire à ciel ouvert » pour les multinationales du secteur, des nouveau-nés souffrent de laparoschisis : ils naissent avec les intestins hors du ventre. On dénombre déjà plusieurs cas par an de cette affection – rarissime en temps normal – à proximité des zones d’épandage.
Confrontation avec les géants du secteur
L’équipe de « Cash Investigation » refuse de faire, pour autant, le procès des agriculteurs. Comme à son habitude, l’émission veut s’en prendre aux vrais responsables, ceux qui empochent les bénéfices : les multinationales. Inlassablement, Elise Lucet et son équipe s’approchent des représentants des six grandes entreprises du secteur – Syngenta, Bayer, Monsanto, Dow, BASF et Dupont – pour obtenir des interviews. La journaliste achète des parts du géant Bayer pour assister à l’assemblée générale des actionnaires et poser une question sur le folpel, un des pesticides les plus vendus en France. Elle s’invite lors d’un repas privé entre des membres de l’entreprise Syngenta et des sénateurs. Elle interview un lobbyiste des pesticides à Bruxelles. Mais à chaque confrontation, même constat : les industriels respectent les normes européennes et nient la dangerosité des produits.
CASH INVESTIGATION. Extrait. Elise Lucet s’invite chez Bayer
Alors, comme le résume « Cash Investigation », « les scientifiques s’alarment, les industriels nient. Et les politiques ? » Face à une carte géante des ventes de pesticides dangereux pour la santé en France, Elise Lucet interroge Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture. « Je suis parfaitement conscient, on a un besoin impérieux. Je l’avais dit d’ailleurs, que si on ne fait rien, c’est une bombe à retardement. » Pourtant, la France a reculé sur la question. Depuis janvier 2015, le plan Ecophyto prévoit de réduire le recours aux pesticides de 50% mais d’ici à 2025 et non plus à l’horizon 2018, comme le prévoyait le Grenelle de l’environnement signé en 2008.
CASH INVESTIGATION / La surprise d’Elise Lucet au Ministre de l’Agriculture
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