Si vous n’avez pas assez la trouille pour l’avenir de vos enfants, allez au cinoche, vous passerez un vrai bon sale moment avec Tous Cobayes ?, le dernier film de Jean-Paul Jaud. Il est bien flippant, en plus d’être mal foutu. En résumé : dans le vaste labo de l’humanité, nous voilà cobayes involontaires des méchants sorciers du nucléaire et des OGM. Dans ce docu – militant et assumé comme tel –, les deux industries sont jumelles et criminelles. Elles puisent leurs racines dans la même terre militaire et externalisent les risques pour les humains, c’est-à-dire sur le très long terme. C’est vrai, sauf que ni pronucléaire, ni pro-OGM, je suis sortie de la salle tout énervée. Comment un film qui porte des thèses auxquelles j’adhère peut-il rater une cible aussi grosse que moi ? Parce qu’il est écrit avec les pieds. Parce qu’il est bordélique et enchaîne les séquences sans lien entre elles (étude sur les OGM du professeur Séralini, paysans victimes de pesticides, Hiroshima, agro-écologie, Fukushima…). Mais aussi parce qu’il ne fait presque jamais appel à la raison, qu’il joue sur l’angoisse du complot en s’affranchissant du strict nécessaire pédago, parce qu’il décrit le monde comme un discours de Bush Junior (soit avec Jaud, soit contre) et qu’il raccourcit ses démonstrations. Tous Cobayes ? ne convaincra personne qui n’est déjà convaincu. Il s’adresse à des militants comme Allègre, Bruckner ou Ferry flattent des croupes néo-réacs. C’est d’abord cela que je lui reproche, parce que ça ne sert à rien. —
Si vous détestez Bridget Kyoto (ou si vous l’aimez), dites-le-lui ici au bas de cet article.
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