Chez Body Nature, on pousse loin le concept du fait maison. Pour illustrer le catalogue 2012 de vente à domicile des produits cosmétiques, d’entretien et de bien-être de cette entreprise familiale, les mannequins ont été « castés » parmi les employés et les enfants du personnel. Les photos ? Shootées dans le parc de l’entreprise, à Nueil-les-Aubiers, dans les Deux-Sèvres.
En cette pluvieuse matinée d’octobre, l’éolienne y tourne à plein régime et les bacs de récupération d’eau de pluie se remplissent, avant d’alimenter les chasses d’eau. Des panneaux photovoltaïques, disposés devant l’entrée du laboratoire et sur la partie non végétalisée des toits, fonctionnent – ce jour-là – au ralenti. « Ce bouquet énergétique nous permet de produire 20 % de nos besoins en électricité », explique, entre deux poignées de main à ses employés, Olivier Guilbaud. L’avenant dirigeant tient depuis 2006 les rênes de l’entreprise, avec son frère cadet Antoine.
Ce sont leurs parents, Gilles Guilbaud et Marie-Thérèse Body, qui ont fondé, il y a quarante ans, Body Nature « dans une logique post-soixante-huitarde constructive », précise l’aîné. L’objectif ? Atteindre le plus haut degré d’autosuffisance possible en concevant des produits bios maîtrisés de A à Z, produits dans un environnement respectueux des travailleurs et de la nature. Une formule gagnante puisque Body Nature a réalisé l’an dernier 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 5 en 2005. Le laboratoire emploie désormais 120 salariés et 750 conseillères-distributrices, mandatées pour vendre à domicile l’un des 225 produits du catalogue.
Roses, lys, calendula
Installée depuis le début des années 1980 dans la ferme du grand-père Body, l’entreprise conçoit et produit à domicile. Le ravitaillement en matières premières se fait au plus près : dans le parc de 25 hectares qui entoure l’ancienne exploitation agricole, ainsi que dans les 95 autres hectares que possède la société dans le département. Le fruit des récoltes permet d’approvisionner l’entreprise en bois, feuilles de vigne rouge, roses, lys, calendula et guimauve. Le tout pousse en biodynamie, mais ne suffit pas à couvrir les besoins. Alors, le labo noue des partenariats avec des cultivateurs, dont la plupart sont installés à moins de 100 km. « On privilégie toujours le local et les circuits courts, pour limiter l’impact sur l’environnement et parce qu’on aime connaître nos partenaires et aller à la source du produit », précise Olivier Guilbaud, qui a revêtu blouse, charlotte et protège-chaussures pour sortir les fleurs sèches et odorantes des sacs où elles sont précieusement conservées. La recherche de maîtrise ne s’arrête pas au contenu des flacons. Elle s’applique aussi à l’énergie consommée et aux bâtiments. « Mettre le label “ bio ” sur le produit, c’est bien, mais la démarche doit être globale et cohérente », estime le codirigeant, qui fait signer à tous les salariés la charte « Au-delà du bio » synthétisant cette manière de fonctionner. Le document mentionne notamment l’engagement du labo à réduire son empreinte carbone. L’électricité utilisée est renouvelable à 100 % et une chaudière à biomasse, alimentée en partie par l’herbe à éléphant plantée sur le domaine, chauffe les locaux. Quatre forages rendent la société autosuffisante en eau, rendue propre à la consommation et à l’utilisation dans la fabrication des cosmétiques après avoir été filtrée par des lampes à UV.Briques en terre cuite
Le labo se targue aussi d’avoir réalisé « le bâtiment le plus écologique de l’industrie des produits bios ». Baptisé Le Cyprès et inauguré à la fin de l’année 2010, il est fait de bois, de briques en terre cuite, et est recouvert d’une toiture végétalisée, pour un coût de sept millions d’euros. Il faudra dix-sept ans pour amortir son impact carbone, soit bien moins que pour un bâtiment traditionnel. Quant à son amortissement financier ? « On ne s’est pas posé la question », explique Olivier Guilbaud, pris au dépourvu. « On part du principe qu’on veut ce qu’il y a de mieux, pour montrer la marche à suivre. » Et cela commence à faire effet. La vingtaine d’entreprises (dont 95 % sont installées à moins de 60 km) intervenues sur le chantier ont d’abord vu la réalisation d’un bilan carbone – qui impose de noter les kilomètres, de peser les déchets, etc. – comme une contrainte. « Finalement, ils étaient fiers d’avoir contribué à construire un bâtiment haute qualité environnementale. » —Avec l’énergie de l’espoir
Les entreprises françaises de plus de 500 salariés vont devoir rendre leur premier bilan carbone – obligatoire depuis la loi Grenelle 2 – le 31 décembre 2012. Mais les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ont déjà commencé. En 2011, d’après le Commissariat général au développement durable, 7 % de l’énergie utilisée par l’industrie était d’origine renouvelable (+ 4,8 % en un an) et la part des énergies fossiles a diminué (- 9 % pour le gaz, - 5 % pour le pétrole). Les entreprises du tertiaire sont à la traîne : malgré une hausse de 5 % par rapport à 2010, les renouvelables ne représentent aujourd’hui que 4 % de leur bouquet énergétique.
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