Ridée ou radieuse ? Une métisse, coiffée d’un foulard de soie, affiche un sourire franc et des yeux pétillants. Comme d’autres femmes, l’une constellée de tâches de rousseur, l’autre plutôt ronde, une autre encore sans poitrine, cette mamie de 96 ans a incarné l’année dernière la campagne "Toutes les beautés", orchestrée par la marque Dove. Ogilvy, l’agence de marketing en charge des campagnes, a débauché la nonagénaire... dans une maison de retraite !
Mamie sur les planches
Les publicités de la campagne de Dove mettent ainsi en scène des non-professionnels, repérés dans la rue ou dans les rayons des magasins. Les femmes sélectionnées doivent même parapher un document attestant qu’elles ne sont ni comédiennes, ni mannequins. Les photos finales plantent le même décor : aucune retouche, que de l’authentique.La même recette a été déployée pour une autre campagne, intitulé "Programme raffermissant". Trois jeunes femmes en sous-vêtements y affichent leurs formes sous le slogan : "Efficacité prouvée sur de vraies rondeurs".Pour Laurence Durand, chef de produit chez Dove, "il est plus facile de raffermir les cuisses d’un top-model que celles d’une fille enveloppée !". L’effet est immédiat : les ventes de produits raffermissants ont été multipliées par trois et obtiennent 6 % de parts de marché. L’image de Dove, elle aussi, a ravalé sa façade. Surtout connue jusqu’alors, pour son savon hydratant, elle s’affiche désormais comme une marque "citoyenne", plus jeune, qui aime les femmes !
Reste que dans le domaine des cosmétiques et de l’hygiène, les marques sont plutôt rares à suivre cette voie. Elles préfèrent communiquer sur l’esthétique et le glamour, à l’image de L’Oréal, qui parie sur les plus belles femmes de la planète : Scarlett Johansson ou l’ancienne miss Monde, Aishwarya Rai. "Il doit y avoir adéquation entre la marque et l’engagement, souligne Nathalie Bouville, directrice conseil chez Ogilvy. Si L’Oréal mettait en scène des femmes de tous les jours, cela ne serait plus tout à fait L’Oréal. Dove a été précurseur, a pris des risques, mais ça marche".
Cette tendance à se draper d’authenticité n’en est qu’à ses balbutiements. En revanche, les marques qui ont choisi cette voie l’ont fait en général dès leur naissance. Comptoir des Cotonniers, avec ses campagnes "mère-fille(s)", a façonné son identité autour de ce concept. Deux ans après sa création, la marque a commencé à communiquer avec des non-professionnels. Cela fait huit ans que cela dure. "On a remarqué que les mères et leurs filles faisaient les boutiques ensemble. On a donc décidé de recréer ce lien dans nos campagnes", souligne Hélène Percheron, qui gère la communication de Comptoir des Cotonniers.
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