Le trading à haute fréquence ne sera finalement pas taxé en France. L’amendement qui le mentionnait et devait apparaître dans la loi de Finances 2014 vient de sauter ce lundi. Il a été retiré par le rapporteur de la commission, le député Christian Eckert (PS), à la demande du ministre du Budget Bernard Cazeneuve. Celui-ci s’est rangé à l’argument des entreprises de la place de Paris, qui estiment qu’une taxe menacerait leurs emplois. (Lire ici l’histoire de ce renoncement retracée par Le Monde).
Intaxable, le trading à haute fréquence et ses dangers sont pourtant de moins en moins invisibles. Mais reprenons. Le trading à haute fréquence, késako ? On désigne ainsi tout un ensemble de techniques, basées sur des algorithmes complexes, permettant d’émettre le plus possible d’ordres boursiers en un temps le plus court possible, à savoir quasiment la vitesse de la lumière. Le but n’est pas seulement de travailler plus vite que les autres, mais aussi de grappiller de l’argent juste parce que l’on va très très vite. Ainsi, certains algorithmes permettent d’acheter un gros paquet d’actions et de les revendre à peine plus cher quelques microsecondes plus tard à des traders moins rapides. Certains algorithmes vont beaucoup plus loin, et permettent de profiter de l’éphémère différence de prix d’un même actif sur deux marchés différents, ou encore d’annuler des ordres juste après leur émission afin de faire semblant de vendre avant d’acheter.
Les flammes de la spéculation
Ces techniques, souvent plus proches de la triche que de l’astuce, concerneraient 60% des échanges boursiers aux Etats-Unis et un tiers en Europe. Elles ont d’abord éclaté au grand jour à la suite de plusieurs mouvements boursiers violents qu’elles ont engendrés ces derniers mois. Ainsi, en mai 2010, le Dow Jones perdait près de 10% de sa valeur en dix minutes, en grande partie à cause du bug d’un robot trader mal réglé. Plusieurs régulateurs, dont l’Autorité des marchés financiers, se sont ensuite inquiété de leurs conséquences sur la volatilité des bourses. Enfin, depuis quelques mois, l’entreprise Nanex, spécialisée dans les données financières, réalise des graphiques permettant de visualiser le phénomène.Le graphique ci-dessous montre l’évolution du nombre d’ordres boursiers passés entre janvier 2007 et janvier 2012 sur les différentes places boursières du monde (chaque place est représentée par les différentes couleurs détaillées dans la légende à droite de l’image). A partir de 2008, le phénomène explose peu à peu, jusqu’à prendre une place démesurée à partir de 2011.
Autre exemple, cette vidéo ci-dessous qui reporte uniquement les mouvements boursiers autour d’un seul actif, pendant cinq secondes seulement, à la seule date du 16 mai 2012 à 9h48. Les « boîtes » autour du cercle montrent les différents marchés d’échange, la « boîte » d’information au bas de l’image indique sur quel marché on trouve la meilleure offre pour l’actif concerné. Le tout change quasiment à chaque milliseconde. Pour comparaison, cligner des yeux prend environ 200 millisecondes. Impossible de suivre le prix exact d’une action, la lisibilité est minimale :
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions